La Planque

Film : La Planque (2010)

Réalisateur : Akim Isker

Acteurs : Jalil Naciri (Kiko), Gilles Bellomi (Gilles Bellomi), Ahcen Titi (Titi), Guillaume Verdier (Pera)

Durée : 01:29:00


Une comédie parfois intéressante mais bourrée de clichés, qui salit la police et cherche vainement à rendre les gangsters sympathiques.

Il apparaît beaucoup d'analogies, dès les premières minutes du film, entre La Planque et certaines productions de Luc Besson comme B13 ou Yamakasi (aussi n'est-on pas étonné de voir son nom au générique) : une image
bien piètre de la Police, avec des agents soit tellement stupides qu'on se demande dans quelle école ils ont passé leur concours ou leur examen, soit qui manquent cruellement de vocation. Bien entendu les braves gens des «cités» en profitent pour «casser du flic» ( même les gamins, qui en terrassent un au passage...).

Bien que coproduit avec Luc Besson, le film a «été créé quasiment entièrement par le mouvement Alakis’.» Il s'agit en réalité d'un collectif des milieux dits populaires qui a pris son envol en partie grâce au court métrage qui a inspiré le film en question.

align="JUSTIFY">Le spectateur ne sera aucunement surpris en découvrant que la trame principale est élaborée autour de braves banlieusards. Ces derniers ont quelques déboires avec des policiers indignes, bêtes ou méchants qui ne cesseront d'importuner les pauvres braqueurs: qu'ils les laissent tranquilles, puisque ces gangsters amateurs qui ne brillent ni par leurs capacités intellectuelles, ni par leur morale ne leur ont rien fait, à eux (où presque) !

En face, nous avons des policiers caricaturaux : stupides, violents, hargneux ou sadiques, et si le commandant de police paraît se détacher du lot, c'est pour mieux enfoncer les autres agents de la paix, car il s'avère que celle-ci est plutôt du côté des braqueurs.

En tout cas tous, braqueurs, flics,
bagagistes,... cherchent toujours la première occasion de transgresser la loi, ou d'exécuter une basse vengeance.

Pour le réalisateur (in Dossier de presse), «il est important que l'histoire soit crédible au départ»... En fait, un ou deux extra-terrestres, une poignée de super héros, et pourquoi pas des mutants ou des zombies aurait rendu l'histoire plus crédible qu'elle ne l'est !

Quant aux «répliques déjà cultes» (du même dossier de presse), il ne faut pas être vraiment exigeant.

Et que dire du «rapports voyoucratie/ police, [...] abordés avec un œil nouveau et
sans complexe»
? Sans complexe passe encore, mais pour l'«œil nouveau», on repassera ! Comme si ce n'était pas déjà vu et revu...

Il ne sera pas trop difficile de brosser un portrait des personnages principaux: le premier est le pseudo-cerveau du groupe qui se débrouille très bien quand à trouver des plans complètement pourris; nous avons aussi le chauffeur provocateur qui a des problèmes relationnels avec sa femme, surexcités et violents là où l'on nous parle de «braqueurs amateurs jamais méchants» (cf dossier de presse). Jamais méchants ? Parlons-en: ce n'est pas méchant par exemple de se venger bassement sur une personne sans défense (et il est également fort aimable de
retenir son complice parce qu '«on a pas le temps»), ce n'est pas méchant non plus de s'acharner à frapper une personne quand le but était simplement de la rattraper, dans le cadre d'une épreuve policière ! Il nous reste le Casanova de service, censé avoir une Parole (ce qui provoque une légère incohérence dans le film, mais au point où nous en sommes!), pour qui le commandant de police à un faible; cette dernière est d'ailleurs bien plus intéressée par l'argent et la satisfaction de ses instincts printaniers que par une quelconque notion de devoir, de loyauté ou même d'amitié, voire même de respect ! Quant au dernier... il s'agit d'un personnage insignifiant qui n'a pas grand chose dans le crâne. N'oublions pas la fille du chauffeur : cette gamine prétentieuse a tout simplement hérité des défauts
de son père et mérite bien qu'on la remette à sa place !


Ce film serait «inspiré [...] par les films Blaxpoitation», courant culturel et social propre au cinéma américain des années 1970 qui a revalorisé l'image des afro-américains en les présentant dans des rôles dignes et de premier plan et non plus seulement dans des rôles secondaires et de faire-valoir.

Mais qu'y a-t-il de digne dans certains des premiers rôles... voire même dans tous les rôles?

Il va sans dire que cette production Besson à
la réalisation kaléidoscopique et assommante nous présente l'univers de la police comme un monde bien pourri, où tout est moche, violent, et dans lequel on ne peut qu'en vouloir aux représentants des forces de l'ordre, bien entendu ! Il pourra sans doute étonner de savoir que tout cela s'est fait avec la bienveillante participation de la Mairie et la préfecture de Paris.

Nous pourrons cependant trouver quelque intérêt dans ce film : des rebondissements (qui paraîtront très lourds pour certains à force), quelques traits et dialogues qui pourront prêter à sourire (mais peut-on pour cela parler de point fort dans un film ?), mais surtout, une idée : il paraît intéressant de voir comment peuvent s'en sortir des braqueurs qui se réfugient dans un
commissariat, cela créé une ouverture vers une bonne comédie... en puissance.

Les réalisateurs ont beau se vanter de leur bande-son funk/soul, celle-ci ne fait qu'alourdir l'ambiance déjà assommante du film.

Décidément, on peut comprendre que certains parlent du cinéma français avec dédain, car il devient normal que nos producteurs (Luc Besson est tout de même un très gros producteur français) sortent des films de cette envergure. C'est dommage, car il y a de l'idée au départ, mais... c'est tout !

Et dire que le court métrage à été primé au festival Tous Ecrans
2008 de Genève, sélectionné au festival des Pépites du Cinéma 2008, ainsi qu’au Film Festival Paris New-York 2007 !