Le film d’action à la française se porte bien ces temps-ci. Essentiellement représenté par les productions Besson façon « Yamakazi », « Banlieue 13 » et autres « Taxi », autant de produits commerciaux insipides et abrutissants, le genre compte heureusement des films plus inspirés. La proie est due à Eric Valette qui s’était déjà essayé au fantastique (Maléfique avec Gérald Laroche et Clovis Cornillac) et au thriller politique (Une affaire d’état avec André Dussolier, Thierry Frémont et Rachida Brakni). Cette fois, le réalisateur s’attaque au film policier et d’action, avec moultes fusillades et courses poursuites, dont la mise en scène et nombre de situations ne sont pas sans rappeler le cinéma américain. Le principal intérêt du film réside bien sûr dans son personnage principal ambigu : « Depuis longtemps, je souhaitai faire un film de poursuite avec un héro noir » déclara le réalisateur (Dossier de presse). Cinéaste sans génie, mais indéniablement doué pour créer une ambiance, Valette réussit à accrocher du début à la fin le spectateur, sachant doser le rythme et le suspens et s’appuie sur un casting au diapason.
Désormais abonné aux films d’action, Albert Dupontel (Le convoyeur de Nicolas Bouckrief, Chrysalis de Julien Leclerc) incarne Frank Adrien, antihéros du film, un dur du banditisme qui fera tout pour sauver sa fille et rétablir sa réputation. Un personnage assez classique du truand à code d’honneur, mais assez bien interprété par Dupontel, visiblement plus à l’aise que dans les films d’auteur. L’acteur a d’ailleurs donné de sa personne, accomplissant lui-même ses nombreuses cascades du film, tel Belmondo en son temps. Face à lui, Alice Taglioni (La doublure de Francis Weber, L’île au trésor d’Alain Berbérian) interprète la policière Claire Linné, acharnée à poursuivre Frank Adrien, tout en ayant des doutes sur sa culpabilité et en butte à sa hiérarchie. Encore un personnage sans originalité (qui rappelle d’ailleurs un peu celui de Tommy Lee Jones dans Le fugitif) mais bien joué par l’actrice qui s’écarte de ses personnages habituels de séductrice et d’amoureuse. Sergi Lopez (Western de Manuel Poirier, Harry, un ami qui vous veut du bien de Dominik Moll) est tout aussi convaincant dans le rôle de Manuel Carrega, ancien gendarme au sombre passé, acharné à élucider les crimes dont est accusé Adrien et qui se révèle d’une aide précieuse pour ce dernier. Enfin, Stéphane Dubac (L’ivresse du pouvoir de Claude Chabrol, Faubourg 36 de Christophe Barratier) interprète avec conviction Jean-Louis Maurel, faux innocent injustement mis en prison, mais vrai psychopathe manipulateur. Au casting, signalons également Natacha Régnier (La vie rêvée des anges d’Eric Zonca, Les amants criminels de François Ozon) en compagne complice de Maurel, Zinedine Soualem (Trafic d’influence de Dominique Farrugia, JCVD de Mabrouk El Mechri) en supérieur hiérarchique borné de Claire, ainsi que Serge Hazanavicius (Le bonheur est dans le pré d’Etienne Chatillez, Didier d’ Aklain Chabat) et Lucien Jean-Baptiste (L’outremangeur de Thierry Binisti, L’ex-femme de ma vie de Josiane Balasko) en collègues sceptiques de Claire. Un divertissement rondement mené qui n’échappe cependant pas aux défauts du genre : sans originalité, le film se laisse assez facilement deviner (encore une fois, il rappelle fortement le film Le fugitif et sa suite) et cumule les invraisemblances énormes. Un exemple : Adrien saute du troisième étage d’un immeuble pour échapper à la police, tombe sur une camionnette, se blesse apparemment à la cheville, mais cela ne l’empêche nullement de piquer un sprint pour échapper à ses poursuivants et de… sauter à nouveau d’un pont. Solide le gaillard ! Pour autant, ce serait mentir que de dire que l’on n’est pas accroché par cette course-poursuite infernale, le talent de metteur en scène de Eric Valette et, encore une fois, son sens du rythme, permettant largement à ce divertissement tout public (enfin presque, nonobstant quelques scènes de violence éprouvantes) d’atteindre son but. Le réalisateur ne s’en cache pas : « J’ai voulu offrir un vrai film d’action, d’entertainment, sans oublier le fond et l’émotion » (Dossier de presse).
Signalons que la famille tient un grand rôle dans ce film puisque Frank Adrien s’efforce avant tout de retrouver sa petite fille pour la soustraire aux griffes de Maurel. Cet amour paternel qui agit comme un puissant stimulant, permettant au personnage d’accomplir des prouesses physiques, permet de transcender véritablement le personnage et de faire abstraction de son passé peu reluisant de braqueur. En effet, l’aspect immoral et violent du personnage est rapidement estompé par la légitimité de son objectif et la dureté des épreuves qu’il subit. La famille est également présente par le biais de Carrega dont le souvenir encore vif de sa femme, décédée dans des circonstances dramatiques, fut également un stimulant dans sa traque du mal, mal qu’incarne alors Maurel. L’émotion est d’ailleurs bien présente lors des quelques scènes montrant la femme et la fille d’Adrien, parfait contrepoint à l’univers brutal et cruel de la prison ou du tueur en série Maurel.
Un divertissement policier qui remplit son office.
Francis
Un thriller d’action haletant et rythmé, bien que sans aucune originalité et parsemé d’invraisemblances.
Le film d’action à la française se porte bien ces temps-ci. Essentiellement représenté par les productions Besson façon « Yamakazi », « Banlieue 13 » et autres « Taxi », autant de produits commerciaux insipides et abrutissants, le genre compte heureusement des films plus inspirés. La proie est due à Eric Valette qui s’était déjà essayé au fantastique (Maléfique avec Gérald Laroche et Clovis Cornillac) et au thriller politique (Une affaire d’état avec André Dussolier, Thierry Frémont et Rachida Brakni). Cette fois, le réalisateur s’attaque au film policier et d’action, avec moultes fusillades et courses poursuites, dont la mise en scène et nombre de situations ne sont pas sans rappeler le cinéma américain. Le principal intérêt du film réside bien sûr dans son personnage principal ambigu : « Depuis longtemps, je souhaitai faire un film de poursuite avec un héro noir » déclara le réalisateur (Dossier de presse). Cinéaste sans génie, mais indéniablement doué pour créer une ambiance, Valette réussit à accrocher du début à la fin le spectateur, sachant doser le rythme et le suspens et s’appuie sur un casting au diapason.
Désormais abonné aux films d’action, Albert Dupontel (Le convoyeur de Nicolas Bouckrief, Chrysalis de Julien Leclerc) incarne Frank Adrien, antihéros du film, un dur du banditisme qui fera tout pour sauver sa fille et rétablir sa réputation. Un personnage assez classique du truand à code d’honneur, mais assez bien interprété par Dupontel, visiblement plus à l’aise que dans les films d’auteur. L’acteur a d’ailleurs donné de sa personne, accomplissant lui-même ses nombreuses cascades du film, tel Belmondo en son temps. Face à lui, Alice Taglioni (La doublure de Francis Weber, L’île au trésor d’Alain Berbérian) interprète la policière Claire Linné, acharnée à poursuivre Frank Adrien, tout en ayant des doutes sur sa culpabilité et en butte à sa hiérarchie. Encore un personnage sans originalité (qui rappelle d’ailleurs un peu celui de Tommy Lee Jones dans Le fugitif) mais bien joué par l’actrice qui s’écarte de ses personnages habituels de séductrice et d’amoureuse. Sergi Lopez (Western de Manuel Poirier, Harry, un ami qui vous veut du bien de Dominik Moll) est tout aussi convaincant dans le rôle de Manuel Carrega, ancien gendarme au sombre passé, acharné à élucider les crimes dont est accusé Adrien et qui se révèle d’une aide précieuse pour ce dernier. Enfin, Stéphane Dubac (L’ivresse du pouvoir de Claude Chabrol, Faubourg 36 de Christophe Barratier) interprète avec conviction Jean-Louis Maurel, faux innocent injustement mis en prison, mais vrai psychopathe manipulateur. Au casting, signalons également Natacha Régnier (La vie rêvée des anges d’Eric Zonca, Les amants criminels de François Ozon) en compagne complice de Maurel, Zinedine Soualem (Trafic d’influence de Dominique Farrugia, JCVD de Mabrouk El Mechri) en supérieur hiérarchique borné de Claire, ainsi que Serge Hazanavicius (Le bonheur est dans le pré d’Etienne Chatillez, Didier d’ Aklain Chabat) et Lucien Jean-Baptiste (L’outremangeur de Thierry Binisti, L’ex-femme de ma vie de Josiane Balasko) en collègues sceptiques de Claire. Un divertissement rondement mené qui n’échappe cependant pas aux défauts du genre : sans originalité, le film se laisse assez facilement deviner (encore une fois, il rappelle fortement le film Le fugitif et sa suite) et cumule les invraisemblances énormes. Un exemple : Adrien saute du troisième étage d’un immeuble pour échapper à la police, tombe sur une camionnette, se blesse apparemment à la cheville, mais cela ne l’empêche nullement de piquer un sprint pour échapper à ses poursuivants et de… sauter à nouveau d’un pont. Solide le gaillard ! Pour autant, ce serait mentir que de dire que l’on n’est pas accroché par cette course-poursuite infernale, le talent de metteur en scène de Eric Valette et, encore une fois, son sens du rythme, permettant largement à ce divertissement tout public (enfin presque, nonobstant quelques scènes de violence éprouvantes) d’atteindre son but. Le réalisateur ne s’en cache pas : « J’ai voulu offrir un vrai film d’action, d’entertainment, sans oublier le fond et l’émotion » (Dossier de presse).
Signalons que la famille tient un grand rôle dans ce film puisque Frank Adrien s’efforce avant tout de retrouver sa petite fille pour la soustraire aux griffes de Maurel. Cet amour paternel qui agit comme un puissant stimulant, permettant au personnage d’accomplir des prouesses physiques, permet de transcender véritablement le personnage et de faire abstraction de son passé peu reluisant de braqueur. En effet, l’aspect immoral et violent du personnage est rapidement estompé par la légitimité de son objectif et la dureté des épreuves qu’il subit. La famille est également présente par le biais de Carrega dont le souvenir encore vif de sa femme, décédée dans des circonstances dramatiques, fut également un stimulant dans sa traque du mal, mal qu’incarne alors Maurel. L’émotion est d’ailleurs bien présente lors des quelques scènes montrant la femme et la fille d’Adrien, parfait contrepoint à l’univers brutal et cruel de la prison ou du tueur en série Maurel.
Un divertissement policier qui remplit son office.
Francis