La Reine des neiges

Film : La Reine des neiges (2013)

Réalisateur : Chris Buck, Jennifer Lee

Acteurs : Kristen Bell (Anna), Idina Menzel (Elsa), Jonathan Groff (Kristoff), Josh Gad (Olaf)

Durée : 01:42:00


La Reine des neiges renoue, et c'est une surprise ! avec la plus pure tradition Disney. D'abord, il s'agit vraiment d'une authentique comédie musicale. Certes, avec Rebelle et La princesse et la grenouille, on avait déjà quitté les effarantes sorties de route de L'Atlantide ; mais même à côté des deux films précités et de leurs petits camarades comme Frère des ours ou encore Mulan, ce dernier né de Disney plonge la tête la première dans le fabuleux, le princier, et l'amour plus fort que tout (le genre de tarte à la crème qu'on aime déguster en famille).

Pourtant il y a une différence majeure avec les autres dessins animés Disney ; et qui, moi, me convient bien mais pourrait heurter la sensibilité des plus romantiques. Sans dévoiler l'intrigue, on peut tout de même remarquer que la douce illusion consistant à partir avec un prince qu'on connaît à peine est ici sérieusement remise en cause. C'est une chose qui m'a toujours prodigieusement fatigué de devoir expliquer à mes filles combien cette rêverie de conte de fées est en fait nocive dans la réalité (combien de fois ai-je vu des jeunes filles complètement déconnectées du réel et donc malheureuses !) ; j'ai toujours pensé qu'il s'agissait là d'une lacune grave des œuvres Disney. Ici le féerique ne confine pas à la folie, ce qui ne satisfera pas les moralisateurs mais devrait réjouir les moralistes.

Par ailleurs on notera que la violence de ce film est bien moindre que celle de ses grands-frères. Banche-Neige avait marqué les esprits par sa violence, Bambi avait fait baver l'encre des pédopsychiatres de tous poils, mais ici, rien de tel. Non pas qu'il n'y ait pas de violence, évidemment, mais celle-ci est contrôlée par un slapstick dédramatisant assez positif.

Autre particularité : les princesses sont très... modernes... Leur façon de parler et de se déplacer les rapproche parfois plus de la femme fatale que de la noble princesse, et leurs voix sont résolument taillées pour plaire aux petites amatrices de pop actuelle. Sur le plan musical les chansons et la composition de Christophe Beck sont riches et originales, avec quelques facétieuses dissonances parfaitement maîtrisées.

Le tout est enrobé dans un graphisme époustouflant sublimé par la 3D.

Parmi les questions de fond déjà évoquées, on notera la difficulté pour les jeunes enfants de comprendre l'attitude de la reine, ce qui soulève, même pour les adultes un problème général de cohérence. Pourquoi le roi et la reine ne cherchent-ils pas à enseigner à la princesse la maîtrise de ses pouvoirs, pourquoi l'espèce de rigolote pierre roulante-shaman décide-t-elle de ne pas laisser les souvenirs, si les gants contrôlent le flux pourquoi l'aînée ne joue-t-elle pas avec sa sœur ? Autant de questions qui sont du charabia pour vous qui n'êtes pas allé voir le film, mais qui se poseront inévitablement quand vous aurez franchi le pas. Dommage car, sans ces problèmes de cohérence globale, la Reine des neiges aurait probablement été le meilleur film de toute la galaxie Disney !..