La Taupe est un film posé. Pas d'esbroufe, pas de grands effets spéciaux, la caméra prend son temps. Juste le temps de capter les regards, d'interroger les visages, de dénouer le scénario, d'endormir le travailleur exténué (le type à côté de moi s'est mis à ronfler comme un goret). Le début ne vaut pas la fin. Trop ralenti, la pose du dé cor est en effet poussive et la présentation des personnages superficielle. Il y a deux sortes de films d'espionnage : ceux qui traitent avec grande clarté un sujet difficile à comprendre, et ceux qui brouillent les pistes sur des sujets assez simples. La Taupe est de ceux-là. On ne rentre pas dans la psychologie des suspects, les innocents ont des têtes de pourris par trop évidentes et les vilains traîtres ont de bonnes bouilles. Le spectateur n'est pas impliqué dans l'enquête. Il la regarde tranquillement se dérouler sous ses yeux et se pose des questions auxquelles le film ne veut surtout pas répondre pour avoir l'air subtil. Résultat : ça n'est qu'à la fin, où l'obscurité des intrigues fait place au sens de l'honneur, que la caméra percute vraiment. C'est là que les acteurs se livrent vraiment et que le spectateur entre réellement dans la complexit& eacute; de l'espionnage d'état, complexité avant tout humaine et morale. Sans cela le film ne vaudrait pas tripette.