La Vénus à la fourrure

Film : La Vénus à la fourrure (2013)

Réalisateur : Roman Polanski

Acteurs : Emmanuelle Seigner (Vanda), Mathieu Amalric (Thomas)

Durée : 01:33:00


Après Carnage (2011), Roman Polanski propose un huis clos audacieux avec un lieu unique (un théâtre) et seulement deux personnages finement interprétés par Mathieu Amalric (Thomas), en metteur en scène torturé, et Emmanuelle Seigner (Vanda), en comédienne vulgaire mais pleine de ressources. L’univers filmique étant minimaliste, chaque composante artistique doit être particulièrement soignée. Ce genre requiert une mise en scène millimétrée pour captiver l’acteur malgré l’unité de lieu. Ici, l’alternance entre l’audition et les discussions crée une structure de récit dynamique. De plus, l’écriture du scénario instaure un crescendo qui se traduit par une montée en intensité du jeu d’acteur et le dévoilement progressif des passions. La musique d’Alexandre Desplat accompagne harmonieusement le drame, l’ironie ou l’ambiguïté. Moins précis est le message du réalisateur qui s’est inspiré de la pièce “Venus in Fur” écrite par David Ives. Polanski revisite le (faux ?) problème des relations de domination entre l’homme et la femme ou, à un autre niveau, entre le metteur en scène et le comédien. Malgré les dialogues et les coups de théâtre tordus, on devine une critique de l’instrumentalisation de la femme. A plusieurs reprises, Vanda s’insurge contre la pièce pour laquelle elle auditionne, dénonçant l’image dégradante de la femme. Mais la critique de Polanski reste au niveau du petit slogan féministe. Le cinéaste ironise avec talent et humour, mais la plus grosse ironie serait peut-être qu’il vienne donner au spectateur une leçon de respect, qui plus est avec le matériau malsain du sadomasochisme, en dépit de ses casseroles judiciaires concernant l’affaire Samantha Geimer.