La vie aquatique

Film : La vie aquatique (2003)

Réalisateur : Wes Anderson

Acteurs : Bill Murray (Steve Zissou), Owen Wilson (Ned Plimpton), Cate Blanchett (Jane Winslett-Richardson), Anjelica Huston (Eleanor Zissou) .

Durée : 01:58:00


Ce film se veut être un hommage au commandant Cousteau, ce qui est très visible grâce aux bonnets rouges que porte l’équipage du « Belafonte », bateau de l’expédition. Mais cet hommage a plutôt tendance à se transformer en parodie. La vie aquatique montre des fonds marins réalisés à partir d’images de synthèse. C’est un choix qui est regrettable puisque la mer
regorge de paysages enchanteurs, bien plus beaux que les décors artificiels… Toutefois, ces images permettent de faire apparaître des poissons étranges et amusants, comme un hippocampe arc-en-ciel, un requin-jaguar ou des méduses lumineuses. Cela permet d’avoir des scènes cocasses et burlesques. Les images de synthèse et le milieu maritime forment l’arrière-plan de toute l’action, qui ne suit pas une logique implacable. Il est « impossible d'anticiper sur le développement de l'histoire qui ne suit qu'une " logique " : l'esprit absurde et incohérent du héros, Steve Zissou » (Auteur ?). Cet homme, adulte mal grandi, entraîne son expédition aux frontières du réel, à la recherche d’un requin dont il n’est même pas certain de l’existence. Et en suivant cet explorateur, le spectateur s’en va de surprise en surprise…toujours frappé par la liberté artistique que s’accorde le réalisateur.

Les prises de vue sont en rapport étroit avec les évènements. Lorsque
Steve Zissou et son fils Ned voient leurs relations s’embrouiller à cause de leurs sentiments pour la jeune journaliste, la caméra devient comme folle en voulant suivre les deux hommes dans le dédale des coursives du « Belafonte ». De même, quand l’explorateur et son fils sont dans un hélicoptère en détresse, le cours de l’histoire est rompu par un brusque fondu au blanc, puis un fondu au rouge, rouge comme le sang qui se répand lors de la séquence suivante. 

Ce film d’aventures comiques se révèle d’un abord assez grossier. Ne voit-on pas la jeune Jane Winslett-Richardson prononcer tout au long de l’histoire des grossièretés ? C’est d’autant plus dommage que la journaliste apparaît sympathique dès le début. Grâce à son personnage, le réalisateur aborde la question de l’avortement. En effet, Jane est enceinte sans être mariée. « Je ne sais pas pourquoi je suis toujours enceinte », dit-elle. Mais juste après, elle refuse l’idée d’avorter. Elle préfère
trouver un père à l’enfant plutôt que le tuer.            Dans cet état d’esprit, la journaliste commence à flirter avec Ned. Mais Steve Zissou se laisse à son tour prendre aux charmes de la jeune femme, et là, ce sont les questions de la fidélité dans le mariage et du divorce qui se posent. Cet homme, relativement frivole d’après son passé (Ned est un fils né hors mariage), n’hésite pas à s’éprendre d’une femme qui pourrait être sa fille et qui est déjà courtisée. Cela ne manque pas de créer un conflit entre le père et le fils qui en arrivent aux mains, pour une femme déjà enceinte d’un troisième homme. Quelle critique de l’autorité serait-on tenté d’y voir, un fils qui frappe son père…                           Ce père et ce fils qui se rencontrent presque par hasard et qui se reconnaissent de façon inexpliquée tentent de se
connaître profondément, comme un père connaît son fils. Mais ces tentatives de rapprochement sont mises à mal par l’attirance des deux hommes pour Jane. Ned essaie également de gagner l’amour ou peut-être seulement l’estime de son père, pour cela il désire l’appeler « Papa ». Steve Zissou refuse, il préfère être appelé « Stevsy », et là, la remarque du fils est bonne : « ça n’a pas le même sens », Papa et Stevsy. Toutefois, le choix de Steve Zissou est intéressant, en voulant être nommé Stevsy et non Papa, il refuse les devoirs et les engagements que l’on est en droit d’attendre d’un père. Cela évoque, le comportement des adultes qui recherchent leurs plaisirs mais qui refusent d’affronter leurs responsabilités.