La Volante

Film : La Volante (2015)

Réalisateur : Christophe Ali, Nicolas Bonilauri

Acteurs : Nathalie Baye (Marie-France), Malik Zidi (Thomas), Johan Leysen (Eric), Sabrina Seyvecou (Audrey)

Durée : 01:27:00


Les Nerfs à Vifs (Scorsese)… à la française.
Une vieille femme qu’on ne connaît guère, ce qui est gênant pour une héroïne tout de même (on n’en sait pas plus sur son long passé à la fin qu’au début), s’immisce dans une famille pour la détruire, afin de venger son fils tué involontairement par un de ses membres.
Quoi de plus normal chez une bonne mère de famille me direz-vous. L’instinct maternel poussant à la folie. Niveau théâtral, ça peut devenir intéressant, à condition que le personnage évolue. Etant donné qu’on ne sait pas d’où le personnage vient, s’il était normal avant ou déjà dingue, on peut laisser tomber direct.

Comme le précédemment nommé Cape Fear, de son vrai titre, film gentiment malsain et dérangeant, La Volante expose la situation de départ et ne fait pratiquement pas évoluer ses personnages. Ainsi, tout ce qu’on s’était imaginé en un quart d’heure arrive. Dans Cape Fear, ça part tellement loin qu’on ne s’y attendait pas. Ici, le crescendo se fait plus faible (heureusement pour nos nerfs, malheureusement pour notre curiosité).
Mais en traînant sur une famille médiocre, des métiers ennuyeux, des rapports parents divorcés/gosse banals à souhait, on attend avec presque de l’impatience que la vieille fasse ce qu’elle aurait pu faire dès la 20e minute du film : sortir le poignard. Je vous spoile ? Vous irez voir autre chose.

Tourné comme un téléfilm, pas totalement barbant non plus grâce au jeu de Nathalie Baye, La Volante fabrique son drame dans une piste déjà éclairée depuis longtemps, sans rien y apporter. La sauvagerie de la bonne mère n’est pas étudiée. C’était un choix : pour la rendre imprévisible, jamais le film ne dévoile ses pensées. Il en résulte une crainte que le film parte dans tous les sens, plutôt qu’une tension intrinsèque à l’histoire. Il en résulte également une froideur de tout ce petit monde, petit, malheureux, désagréable, franchement lassante. Les premiers mots un poil chaleureux mettent un temps incroyable à sortir, et avec beaucoup de gêne. L’histoire était sinistre au départ, et elle déteint sur tout son décor.
Un regard superficiel sur la folie que Cape Fear rend d’emblée obsolète. Le caractère de mère de notre folle héroïne est à peine effleuré, alors entre elle et le taulard en quête de vengeance, peu de différences. Nous étions six, dans la salle, au départ. A l’arrivée, trois. Après, à vous de voir…