Si Sophie Marceau peine à passer pour une femme d'affaires, elle excelle à jouer les pimbêches arrogantes. La réalisation est sobre et sans prise de risque, pour laisser s'exprimer un script sur lequel on comptait beaucoup. L'ambition était probablement d'exploiter le filon d'Amélie Poulain, où l'innocence éclate au coeur d'un monde déshumanisé mais, comme ce fut le cas pour Ensemble, nous allons vivre une très, très grande histoire d'amour... quelques mois plus tôt, la mayonnaise ne prend presque pas. Non que le fossé entre le monde moderne et la France rurale, message très présent dans le film, ne soit pas bien tracé mais, en face d'un Michel Duchaussoy au sommet de son art, campant un vieux notaire à la retraite et voix de la conscience de Marguerite, Sophie Marceau toussote son rôle de manière peu convaincante. L'idée d'une femme parvenue en quête d'identité était pourtant séduisante, particulièrement avec sa texture enfantine, mais l'histoire n'est tout simplement pas crédible : l'enfant qu'était Marguerite ne saurait en effet être... enfant. Ou alors peut-être une enfant de sept ans qui a fait plus d'années d'études que son âge dans le cabinet personnel du docteur Freud. Si les mots et les dessins des lettres sont enfantins, les raisonnements sont de fait beaucoup trop élaborés pour n'être pas l'oeuvre d'une maturité et d'une science avancées. On appréciera bien sûr que la simplicité des enfants soit un enseignement pour beaucoup d'adultes, mais il ressort que la petite Marguerite n'a qu'une simplicité très superficielle, ce qui vicie l'oeuvre dans son essence même. Ainsi va Marguerite, manipulée par elle-même dans les couloirs de la vie. Un film intéressant qui rate sa cible d'un peu, où une femme bénéficie des éclairages d'une petite fille qui devait bien peu s'amuser, à force d'écrire...