L'Amour est un crime parfait

Film : L'Amour est un crime parfait (2013)

Réalisateur : Jean-Marie Larrieu, Arnaud Larrieu

Acteurs : Mathieu Amalric (Marc), Karin Viard (Marianne), Maïwenn (Anna), Sara Forestier (Annie)

Durée : 01:51:00


Voilà un film assez déroutant. Adaptation cinématographique du roman (curieusement écrit) Incidences, de Philippe Djian, nourrisson du cinéma français, porté par les deux exigeants frères Larrieu, alimenté par des acteurs talentueux, ce film s'inscrit dans une veine cinéphilique certaine, mais son barrocco le trahit autant qu'il le fait reluire.

On sent en effet que Jean-Marie et Arnaud Larrieu se sont pleinement investis dans le film. Le symbolisme du loup, une diction choisie, des rôles fouillés, des éclairages recherchés, autant d'éléments qui font de ce film une petite chose sophistiquée assez agréable.

Pourtant, il faut avoir assez de culture pour dépister l'allusion à la lycanthropie, et la diction est finalement si peu naturelle qu'elle gêne l'immersion. L'élocution de Mathieu Almaric et de Maïwen (qui avaient déjà côtoyé et même dirigé Karin Viard dans Polisse) est parfois trop pesante et irréaliste.

Autre chose intéressante mais déstabilisante (à croire que ce qu'on gagne d'un côté est toujours perdu par ailleurs), la focalisation changeante tout au long de la pellicule. Les points de vue se succèdent, la caméra oscille entre objectivité et subjectivité, décidément, ce film est déroutant...

On aurait pu s'arrêter là et parler d'une sorte d'ovni filmique mais il reste une chose à souligner : l'extrême érotisation de toutes les situations. En la personne de Marc, les frères Larrieu ont voulu montrer quelqu'un qui n'avait plus qu'à se baisser pour cueillir les délicieuses pommes de l'amour (ce qui permet à Sarah Forestier de se montrer sous toutes les coutures). La sensualité imprègnent tellement la pellicule et avec une volonté si ferme des réalisateurs que cela en devient franchement répréhensible.

Si le film est donc un authentique polar, il est clair que celui-ci est traité de façon si originale qu'il pourra en agacer plus d'un, et de façon si intelligemment sensuelle qu'il en défend le visionnage à ceux qui voudraient à juste titre se prémunir d'une érotisation croissante de notre société.