Le BGG – Le Bon Gros Géant

Film : Le BGG – Le Bon Gros Géant (2016)

Réalisateur : Steven Spielberg

Acteurs : Mark Rylance (Le BGG), Ruby Barnhill (Sophie), Penelope Wilton (La Reine), Jemaine Clement (Le Géant Avaleur de chair fraîche)

Durée : 01:57:00


Le Bon Gros Géant - Steven Spielberg – 2016

Jean-Baptiste du Potet pour L’Ecran.fr, 20 juillet 2016

 

Père de sept enfants, Steven Spielberg n’a pas fini de nous conter ses histoires. Il conçoit le cinéma avec ses grands yeux émerveillés et nous parle en cette 29ème fois d’un géant qui enlève une petite fille dans son orphelinat londonien, au milieu de la nuit, pour la conduire dans son monde merveilleux. On retrouve là toutes les cordes du succès du cinéaste : le goût pour les belles images d’un univers sculpté par les rêves que le Bon Gros Géant infuse dans le cœur des hommes pour les fasciner ; l’art d’écouter les enfants et de les laisser s’exprimer, en l’occurrence la petite Sophie, d’abord apeurée puis éprise d’amitié pour cet énergumène de sept mètres de haut, plus attentionné que sauvage ; enfin le sens relevé de la paternité, incarnée ici sous les traits du BGG, qui n’est pas si grand que cela comparé à d’autres géant, et en lequel on reconnaît le visage souriant et rêveur de Mark Rylance.

Un conte pour méchants petits nains

D’un point de vue purement stylistique, il est indéniable que la science-fiction a parcouru un long chemin, notamment depuis L’homme qui rétrécit de Jack Arnold (1957), film avec des effets spéciaux similaires, dans lequel la maladie d’un homme, condamné à rétrécir, bouleverse sa vie conjugale. Spielberg parvient à mêler sans aucun défaut d’image acteurs réels et personnages modélisés, avec un rendu étincelant. Cependant le temps consacré à la maîtrise technique semble l’avoir été au détriment du fond. La bagarre entre le gentil et les méchants géants se dessine rapidement, presque sans suspense. Spielberg a certes voulu recourir à la magie de dévoiler un monde sans cynisme pour faire selon lui « exception à la règle », mais il a malheureusement édulcoré la qualité des dialogues. Si l’entourage politique de la Reine d’Angleterre, à laquelle Sophie recourt, brille par son aspiration innocente au bien commun, conformément au monde rêvé des enfants, l’histoire est trop cousue de fil blanc. Les bavardages trop axés sur un humour lié aux charmants effets gastriques des petites bulles. Les effets spéciaux parfois trop redondants notamment pour représenter les rêves. Comme si, quelque part, à force d’innocence, Spielberg ne s’était pas rendu compte qu’il s’adressait à des tous petits, sans paroles ni conscience, bien en dessous de l’âge de raison ! Un comble, à l’âge des dessins animés pour adultes !