Le chaperon rouge

Film : Le chaperon rouge (2010)

Réalisateur : Catherine Hardwicke

Acteurs : Amanda Seyfried (Valèrie), Virginia Madsen (Suzette), Gary Oldman (père Soloman), Shiloh Fernandez (Peter), Billy Burke (Césaire), Max Irons (Henry), Julie Christie (la grand-mère)…

Durée : 01:40:00


Une relecture originale du fameux conte mais qui se fait au prix d’attaques insidieuses contre la famille et l’autorité religieuse.

style="margin-bottom: 0cm;">Nombreux sont les contes de notre enfance qui sont revisités de manière originale par le cinéma. Cela avait déjà été le cas du Blanche Neige de Michael Cohn avec Sam Neill et Sigourney Weaver ou, plus récemment, Alice au pays des merveilles de Tim Burton. Ici, c’est au tour du fameux petit chaperon rouge des contes de Charles Perrault d’être réactualisé sous forme d’un film fantastique et romantique mettant en scène l’univers des loups-garous. Un univers que connaît bien la réalisatrice Catherine Hardwicke puisqu’elle signa déjà le premier volet de la saga Twilight mettant en scène ces créatures. La mythologie concernant ces créatures est respectée dans ses grandes lignes avec quelques nouveautés telle que l’importance de la lune rouge qui permet à la créature de transmettre son mal. La réalisatrice ne cacha pas son ambition de revenir à une version sombre du conte, selon elle plus
proche de l’original : « Le récit original contient des éléments bien plus sombres, bien plus inquiétants, qui en redoublent l’intérêt » (in dossier de presse). A cet égard, la bande-annonce et l’affiche du film, qui nous vendaient ce dernier comme un pur film d’horreur, sont légèrement mensongers, le film se rapprochant plutôt du fantastique mâtiné de romance.

De la romance il y en a en effet beaucoup dans ce film car notre chaperon rouge n’est plus une fillette mais une belle jeune femme incarnée par Amanda Seyfried (Alpha Dog de Nick Cassavetes, Jennifer’s body de Karyn Kusama) révélée par Mamma Mia ! de Catherine Jonhson. La jeune actrice est très crédible dans le rôle-titre où elle est partagée entre un mariage de raison imposé par ses parents à Henry, forgeron fortuné, et son amour sincère pour Peter, un
ami d’enfance. Une histoire d’amour contrariée assez classique qui confère au film une touche émotionnelle (mais aussi érotique) fort importante. Le film contient également un fort suspens puisqu’il s’avère que le loup-garou est l’un des habitants du village ce qui amène tout le monde à se soupçonner et notamment Valérie à soupçonner les gens de son entourage. Une manière de retenir l’attention du spectateur même si certaines scènes sont assez prévisibles. Les scènes avec le loup-garou sont tout à fait réussies, sans être exceptionnelles, beaucoup de films du même acabit étant passés par là récemment (Van Helsing de Stephen Sommers, Wolfman de Joe Jonhston). Dans l’ensemble, le film se suit correctement comme divertissement fantastico-romantique en dépit d’un certain nombre de clichés inhérents au genre. Le fameux conte originel est bien sûr entièrement revisité mais retrouve néanmoins l’ensemble des éléments principaux qui le composait, surtout durant le dernier quart d’heure du film.
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Au casting, on trouve peu d’acteurs vraiment connus. Shiloh Fernandez, l’interprète de l’amoureux Peter est essentiellement un acteur de série télévisée (Gossip girls, Cold case Affaire classée), Max Irons, fils de l’acteur Jeremy Irons, a été vu en second rôle dans Being Julia de Istvan Szabo et Dorian Gray de Olivier parker. Virginia Madsen (Firewall de Richard Loncraine, Le nombre 23 de Joel Schumacher) incarne la mère de Valérie, personnage aimant mais ambigu. Quant à Billy Burke qui interprète le père de l’héroïne, il provient lui aussi de l’univers Twilight puisqu’il fut l’un des acteurs principaux des trois films. Seuls à avoir une réelle notoriété, Gary Oldman (Léon de Luc besson, Air force one de Wolfgang Petersen, Dracula de Francis Ford Coppola) interprète excellemment le
père Soloman, un mystérieux notable ecclésiastique arrivé au village pour combattre le monstre à qui il a eut affaire dans le passé et la vétéranteJulie Christie (Docteur Jivago de David Lean, Hamlet de Kenneth Branagh, Belphégor, le fantôme du Louvre de Jean-Paul Salomé) qui incarne la grand-mère de Valérie, personnage essentiel du conte. Un casting solide dans l’ensemble même si les jeunes acteurs sont un peu fades.

Si le divertissement est bien assuré, le film pose en revanche quelques problèmes au niveau moral. En premier lieu, il se lance dans une attaque assez nette contre les institutions cléricales par le biais du personnage de Saloman, leader autoproclamé d’une croisade contre les loups-garous certes compétent et courageux, mais aussi impitoyable envers ceux qui faillissent (il n’hésite à tuer froidement un de
ces hommes blessés par le monstre qui pourrait se transformer à son tour) et volontiers superstitieux (il va jusqu’à juger publiquement Valérie comme sorcière lorsqu’il s’avère que celle-ci a pu parler au loup). Une manière de dénoncer le fanatisme religieux médiéval très conformiste et dont on se passerait bien, même si le film ne s’y attarde pas beaucoup et qu’il existe également un personnage de prêtre sympathique. Précisons que le statut de ce personnage n’est jamais clairement défini. Appelé père Saloman et portant ce qui ressemble à des insignes religieuses, on en déduit que c’est un ecclésiastique mais on apprend également qu’il fut marié et qu’il est père de famille. Ensuite, le statut de la famille n’est pas vraiment valorisé puisque celle-ci est avant tout perçue comme un repère de mensonges, de non-dit, de conventions sociales étriquées empêchant l’épanouissement personnel. Recherchée par la bête, emprisonnée par les hommes de Soloman, rejetée par le village, Valérie ne peut guère compter sur les
siens et sera finalement secourue par ses deux prétendants Henry et Peter. Cette défiance envers la famille proche culmine jusqu’au final qui consiste en un rebondissement sur la révélation de l’identité du loup-garou. Le seul personnage familial réellement positif est la grand-mère de Valérie qui lui sert de confidente et de soutien moral tout au long du film. Le film n’est bien sûr pas un rejet frontal de l’institution familiale mais il n’en donne pas la meilleure image et semble clairement lui préférer les relations amoureuses qui permettent à l’héroïne d’échapper au carcan ou au danger que cette institution constituait pour elle. Dommage à une époque où la famille a plus que jamais besoin d’être mise à l’honneur.


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Francis