Le Crocodile du Botswanga

Film : Le Crocodile du Botswanga (2013)

Réalisateur : Fabrice Eboué, Lionel Steketee

Acteurs : Thomas Ngijol (Bobo), Fabrice Eboué (Didier), Claudia Tagbo (Jacqueline), Ibrahim Koma (Leslie Konda)

Durée : 01:30:00


Le plus amusant, dans l'affaire Dieudonné, n'est pas l'humoriste lui-même. C'est la réaction de tous ces comiques qui se sentent obligés de surenchérir, histoire de montrer que, eux-aussi, peuvent être insultants et irrévérencieux, y compris à l'égard des Juifs ou sur le thème de la première guerre mondiale. La course à la crétinerie peut donc continuer vaillamment (ce qui permettra probablement à Dieudonné et ses amis d'expliquer que le « système » essaye d'endormir le citoyen en autorisant quelques blagues douteuses pour le rassurer sur la liberté d'expression).

Après le sketch de Nicolas Bedos chez Ruquier, c'est donc au tour de Fabrice Éboué, largement égratigné par le mépris de Dieudonné à son égard, de montrer que lui aussi peut faire la même chose, et bisque bisque rage...

Le crocodile du Botswanga donne donc vie à un scénario irrévérencieux (dieudonnisation des idées?) qui entend critiquer toutes les religions monothéistes (sauf l'islam, à peine taquiné, on ne sait jamais...) au travers d'une satire assez hilarante des dictatures africaines.

Pour le christianisme, la peinture d'un jeune sportif plus candide que Candide, qui va être trompé par une prostituée au visage innocent et toute de blanc vêtue, fausse ingénue au téton arrogant et sur lequel repose la médaille d'un petit ange, qui réussira à lui faire croquer les plaisirs de la chair.

Pour le judaïsme, l'offensive n'est pas religieuse mais, évidemment, identitaire. Le personnage de Fabrice Éboué incarne un agent raté qui utilise une étoile juive en pendentif pour percer dans le show-business (les mauvaises langues diront qu'il s'agit d'un compliment sous couvert de critique). Et, surtout, les allusions à Hitler sont récurrentes, entre le chat qui fait le salut nazi et le tyran en plein safari sur l'air du chant nazi Ein heller und ein Batzen, plus connu sous le nom de Heili, Heilo, Heil.

Oserais-je le dire : mis à part ces outrances fatigantes, je me suis vraiment bidonné ! L'humour est très corrosif, les situations parfois affreuses, mais une énorme partie du film repose sur le jeu de Thomas Ngijol qui excelle dans le rôle d'un dictateur complètement cintré.

Un humour décalé et décapant, qui manie avec une dextérité coupable l'outrance politiquement correcte (jusqu'à appeler deux crocodiles « Jean-Marie » et « Marine », ou mettre en scène un barjot nostalgique de l'Algérie française), et le blasphème.

Si j'étais taquin je dirais qu'il s'agit d'humour noir... Mais on n'est pas comme ça, nous...