La dernière réunion du triptyque britannique de choc remonte à l’étrange parodie Hot Fuzz dont nous avions à l’époque salué le dynamisme. Edgar Wright, scénariste et réalisateur, revient avec une comédie surréaliste qui ne manque pas d’exploiter le talent de Simon Pegg et Nick Frost, duo presqu’inséparable. Co-écrit par Wright et Pegg, ce petit dernier s’inscrit parfaitement dans la continuité de Shaun of the dead, Hot Fuzz. Ces trois oeuvres ont la particularité de jouer avec les films de genre, les déclinant dans différents registres tels que la parodie, la comédie et le drame. Les personnages sont remarquablement bien cernés et leurs dialogues percutants, déjantés et même émouvants, quoique grossiers. Entre la comédie sociale sur une bande de potes en mode Very Bad Trip et la science-fiction délirante proche de L’invasion des profanateurs de sépulture (1956, Don Siegel), et forts123 de solides effets spéciaux, les cinéastes jonglent si brillamment avec les genres que chacun d’eux s’avère crédible. Les répliques fusent rythmées par un montage explosif et les scènes d’action et de combats sont à la fois burlesques et soigneusement chorégraphiées, mais ce n’est pas tout. Aussi étrange que cela puisse paraitre, le film porte un regard certes superficiel mais sensible sur la maturité et l’amitié. Gary (Pegg) est un alcoolique irresponsable qui s’engage dans une quête libératoire teintée de nostalgie. Ses quatre amis ont construit leur vie tandis qu’il est resté enfermé dans le passé, mais aucun d’eux n’éprouve du mépris. Ils le suivent certes pour affronter leurs propres démons mais aussi pour aider, malgré les années, un vieux camarade autrefois adulé, aujourd’hui dans le besoin.