Le Garçon invisible

Film : Le Garçon invisible (2015)

Réalisateur : Gabriele Salvatores

Acteurs : Ludovico Girardello (Michele), Valeria Golino (Giovanna), Fabrizio Bentivoglio (Basili), Christo Jivkov (Andreij)

Durée : 01:40:00


Un film de super-héros… italien. Tiens ? L’Italie essaierait-elle, par un de ses représentants, de réinterpréter, voire de réinventer un genre dont tous les codes sont édictés à Hollywood ?

Au départ, tous les clichés s’accumulent : le gamin, persécuté par des cancres à l’école, amoureux de la blondinette, dont le pouvoir extraordinaire et nouveau (devenir invisible, en l’occurrence) fait sortir de sa torpeur. La vengeance a sonné. Ultime rêve de revanche, et même de sensation d’exister, consolation imaginaire du petit garçon, rêve de l’adolescente devant Divergente ou Hunger Games, rêve de l’ado devant Le Labyrinthe ou Spider-Man : embourbé dans l’ordinaire, victime qui plus est, il ne reste plus qu’une sorte de pouvoir venu de nulle part pour se sentir unique, et sortir de la masse.

Alors bien sûr, on rappelle justement que ce pouvoir doit inviter à grandir sans lui. Le message tremblant des parents largués à leur gosse en crise pour qu’il arrête de tirer la tronche. Il faut s’accepter, s’ouvrir, grandir… Bon, on connaît la chanson. On aurait pu y trouver une valeur éducative, mais que penser du paradoxe entre un héroïsme acquis sans effort, donné comme exemple et fantasme ultime, et l’invitation à se débrouiller sans ce pouvoir ? D’un côté, on loue la facilité offerte par ce pouvoir, cet échappatoire des vrais efforts même ; de l’autre, on explique qu’il faut effectuer directement ces efforts pour grandir. Alors, peut-on fuir dans le rêve, ou doit-on affronter la réalité ? Va savoir.

En dehors de tout ça, le film apporte un angle plus enfantin au traitement des super-héros, un peu d’originalité par ce pouvoir même, non axé, pour une fois, sur la force physique ou l’agilité.
Mais après quelques scènes appartenant moins au film de super-héros qu’au conte (notamment un dialogue touchant entre une fille et le gamin), Le garçon invisible retombe dans la banalité et les codes d’action prévisibles du genre. La mythologie du film, pour justifier ses règles extra-ordinaires, ressemble plus à du remplissage scénaristique amateur qu’à un vrai effort d’imagination.

Aucune concurrence avec Hollywood n’est donc faite, puisque les aspects originaux du film se perdent entre un début et un final convenus à souhait. Marvel et DC Comics peuvent tranquillement continuer de nous infliger leur Olympe de demi-dieux, plus commerciaux que jamais depuis que Christopher Nolan en a fini avec Batman. Pas de miracle de l’autre côté de l’Atlantique, donc.