Le grand Meaulnes

Film : Le grand Meaulnes (2006)

Réalisateur : Jean-Daniel Verhaeghe

Acteurs : Nicolas Duvauchelle (Augustin Meaulnes), Jean-Baptiste Maunier (François Seurel), Clémence Poésy (Yvonne de Galais), Jean-Pierre Marielle (M. de Galais)

Durée : 01:37:00


En 1913, Alain-Fournier sort un roman léger et énigmatique qui continue aujourd’hui de bercer les lectures imposées aux enfants de toutes les bonnes écoles. Le Grand Meaulnes inspira depuis la quatrième symphonie de Michel Bosc avant d’être adapté une première fois au cinéma par Jean-Gabriel Albicocco en 1967.

 

Jean-Daniel Verhaege, remarqué pour sa formidable adaptation de Sans Famille en mini-série avec Jules Sitruk et Pierre Richard, trouve cette adaptation trop niaise et idéaliste sur les mœurs de l’époque. S’emparant de la popularité de Jean-Baptiste Monier (Les Choristes) et choisissant le génial et discret Nicolas Duvauchelle pour le rôle éponyme, il tente en 2006 de réadapter l’œuvre. Il est habitué des adaptations littéraires, et applique toujours la même méthode : se concentrer sur la reconstitution de l’univers de l’œuvre et sur la distribution des premiers rôles. Ces deux piliers font de son film Le Grand Meaulnes, une belle adaptation, mais pas un chef-d’œuvre du cinéma. C’est un film simple, sans coup de génie mais sans bourde, un film léger qui devient une œuvre pédagogique de vulgarisation littéraire.

 

En vertu de cela, l’analyse du fond ne concerne que l’œuvre littéraire elle-même. C’est un regard bienveillant et curieux posé sur l’adolescence, la rébellion et l’amour. François Seurel, personnage principal sans être héros est l’adjuvant universel, enfant idéal sans être parfait, qui parle d’or sans être moralisateur : celui qui n’existe pas mais que nous voyons tous en l’un de nos amis. Augustin Meaulnes, en revanche, héros effacé, timide et menteur, torturé mais bien intentionné est celui comme nous sommes persuadé d’être. Dans cette dichotomie, Alain-Fournier, remarquablement rapporté par Verhaege, synthétise toute la tension de la jeunesse, en proposant à son lecteur une voie grandissante. Le Grand Meaulnes est un remarquable roman d’apprentissage qui nourrit l’imaginaire (avec tout le mystère de la nuit de noces) et nous confronte aux premiers problème du jeune adulte : les études et le diplôme de François, les déceptions amoureuses, les dilemmes et les blessures qu’elles imposent.

 

Très esthétique, simple et très fidèlement adapté d’un roman lui-même important, Le Grand Meaulnes de Jean-Daniel Verhaege est un film qui rappellera aux plus grands les premiers soucis de leur âge innocent, et accompagnera les plus jeunes dans leur découverte de la vie… et qui sait, peut-être fera-t-il de nouveaux lecteurs.