Le Guetteur

Film : Le Guetteur (2011)

Réalisateur : Michele Placido

Acteurs : Daniel Auteuil (Mattei), Mathieu Kassovitz (Vincent Kaminski), Olivier Gourmet (Franck), Francis Renaud (Eric)

Durée : 01:29:00


Ça sent le film policier français à plein nez mais, pour une fois, dans le bon sens du terme : celui qui renvoie au Professionnel de Bebel, avec ses codes de western, qui emprunte à la Schoendoerffer attitude, dans sa peinture noire des dossiers secrets, et qui n'hésite pas à descendre comme le ferait un Olivier Marchal dans les couloirs sanglants de la malice humaine, quitte à salir le spectateur sensible.

La caméra est crue, souvent complaisante malheureusement, les acteurs féroces, le scénario riche et accrocheur.

Pourtant l'histoire est assez classique. D'un côté un Daniel Auteuil sûr de son devoir qui enquête sur une affaire qui éclabousse les cimes du pouvoir ; de l'autre, un tireur d'élite déchu, chef de gang au regard insolent (pour ça, il faut dire que Matthieu Kassovitz n'a pas à se forcer vraiment).

Au milieu, les humains « normaux » crèvent en série l'arme au poing, ou la détresse semble comme ces femmes broyées dans un flot de violence.

Tout a l'air si habituel au cinéma qu'on en accepterait presque l'inacceptable. Car les bandits au grand cœur n'en sont pas moins des bandits, et les braqueurs des voleurs. Si la nature humaine supporte tous les degrés de la malignité, être le moins crasseux des démons ne fait pas de moi un ange, et le caractère des quelques personnages dont le script expose la compassion pour attendrir le spectateur, berce d'illusions. C'est l'éternel problème des films noirs.

Et pour monter encore un peu d'un degré de lecture, constatons une nouvelle fois que, le cinéma ayant un effet-loupe, ce qu'il montre sans arrêt (une administration corrompue, des méchants gentils, etc…) finit par être chose admise, pour le plus grand malheur de la vérité.