Le Juge

Film : Le Juge (2014)

Réalisateur : David Dobkin

Acteurs : Robert Downey Jr. (Hank Palmer), Robert Duvall (Le juge Joseph Palmer), Billy Bob Thornton (Dwigth Dickham), Vincent D'Onofrio (Glen Palmer)

Durée : 02:21:00


Une fresque familiale, où un brillant avocat doit contraint et forcé se réconcilier avec sa famille … Mais pour panser les blessures avec le père, avec qui la relation est complètement conflictuelle, il faut au moins le vouloir. Dans un décor de procès, nous suivons les marches hautes et escarpées du pardon.
Les thèmes juridiques mettent un piment parfait à cette relation. Papa est accusé d’homicide, fiston est un plaideur doué. L’avancement de l’affaire crée une réelle tension, disons même un vrai suspense, qui fait passer les 2h21 sans problème (même si ce n’est pas l’avis de la presse en général).

L’amour filial doit passer au-dessus de l’orgueil et des rancœurs. Nous avons deux gaillards au caractère trempé. Le ton s’élève vite, les méchancetés fusent … On connaît tous ça en famille, je pense (non ?) ! Ce procès oblige des êtres unis par le sang, mais séparés par les vielles incompréhensions, à régler leurs comptes. L’évolution des choses est malheureusement assez prévisible, quoique l’affaire judiciaire, à côté, ne le soit absolument pas.

On voit comment la famille a créé des défauts, des rancunes, des nœuds de vipères, et comment en même temps, elle peut faire des miracles, dénouer ces nœuds, et aller plus loin encore. Cette unité familiale est touchante au possible ; gros contraste avec certains films de chez nous qui se tuent à démontrer que famille égale enfer.

D’un point de vue plus artistique, le réalisateur essaie tant bien que mal (l’expression est à prendre au sens littéral) de créer l’émotion. Trop souvent, il essaie par des clichés tire-larmes de nous faire pleurer. Un peu habitué des procédés pour amener artificiellement l’émotion, on zappe, peu convaincu. En revanche, c’est lorsque le film transpire l’authenticité que la tension dramatique grimpe. Et les mieux placés pour donner illusion et frissons, ce sont pour ce drame les acteurs.

On pouvait s’en douter ! Robert Downey Jr., loin de ses derniers blockbusters, acteur revenu de très loin (carrière brisée un temps par la drogue, entre autres), signe une de ses meilleures prestations. Le plus beau compliment qu’on puisse ici lui faire, c’est qu’il se sort avec les honneurs de ce face-à-face, devant un des plus grands maîtres comédiens qu’ait connu le 7e Art, Robert Duvall (vous vous souvenez de l’avocat dans Le Parrain ? eh bah voilà). Celui-ci impressionne toujours autant, avec un rôle sur mesure, le vieux juge, en relation conflictuelle avec son fils le plus brillant … Comme Brando en son temps, Duvall est tellement dans son personnage qu’on croirait qu’il improvise tout son texte. Comme en vrai, on improvise toujours !

Un moment de cinéma valorisé par ce procès intéressant, mais gâché par des maladresses (une fille qui vous propose tout sourire de coucher, un jour de funérailles, ça vous fait rire vous ?). On loupe le chef-d’œuvre à cause de ce genre de choses …
Pour les cinéphiles, il vaut largement le détour pour ce duo Duvall/Downey au sommet ; une leçon d’acting du maestro Duvall absolument bluffante. La vraie réussite du film est là !