Le Livre de la jungle

Film : Le Livre de la jungle (2016)

Réalisateur : Jon Favreau

Acteurs : Neel Sethi (Mowgli)

Durée : 01:46:00


Un rêve d'enfant, vous dis-je… Après avoir vu le Disney sorti en 1967, je m'étais régalé en lisant la bande-dessinée de Huescar (ne pas confondre avec celle de Desberg et Reculé) avant de lire l'oeuvre originale de Rudyard Kipling, et je m'étais toujours dit que le cinéma pourrait s'emparer du thème avec une efficacité redoutable.

Las ! Rien à faire. Aucun film ne me satisfaisait, soit parce qu'ils étaient de parti pris, soit parce que les capacités techniques n'étaient pas à la hauteur des espérances.

Ce film comblera les attentes des grands enfants comme moi à bien des égards.

Tout d'abord, ne nous méprenons pas : ce film est avant tout une adaptation « réaliste » du film d'animation de Disney. La trame est donc grosso modo la même, avec l'arrivée de Mowgli dans la jungle, son éducation par les loups et, surtout, par Bagherra, la rencontre du gros Baloo, la capture par les Bandar-Logs, etc.

John Debney se devait donc de reprendre l'impérissable thème musical de Disney, mais en l'adaptant aux nécessités d'un film plus sombre, plus inquiétant et, bien entendu, plus réaliste (quoique je ne sois toujours pas parvenu à faire parler mon feignant de chat). Certaines chansons se transforment ainsi en mélodies, d'autres sont assumées, celle de Gros Louie, le roi des singes, n'est chantée qu'au générique.

Progrès techniques obligent, les animaux sont criants de vérité. Lambert Wilson, Leila Bekhti, Eddy Mitchell ou encore Cécile de France prêtent leur voix aux différents personnages avec une ferveur fructueuse.

Tout le reste est époustouflant. Les postures et les allures des animaux, les combats, les paysages, la 3D… Le film passe, et le spectateur boit…

Concernant la fidélité à l'oeuvre originale, Disney opère ici un rapprochement salutaire.

La « Fleur rouge, » à savoir le feu dans l’œuvre littéraire, banni du film d'animation, reprend ici de la force.

Comme dans les nouvelles de Kipling, le petit d'homme n'est plus complètement à la merci de la jungle. Sa force ? Son intelligence et sa capacité à se servir de ses mains. Dans l’œuvre originale, il est enlevé par les Bandar-logs qui voient en lui l'occasion d'apprendre à construire de leurs mains. Ici, il utilise des astuces qui rendent la vie plus facile mais lui attirent les reproches d'Akela, puisque, dans la jungle, il est interdit d'utiliser des astuces.

La loi de la jungle, quant à elle, est récitée à qui mieux et reprend les droits qu'elle avait sous la plume de Kipling.

Pourtant nombre de scènes rajoutées à l'histoire du film d'animation ne sont pas pour autant fidèles au livre.

La défaite de Shere Khan, assez ridicule dans le Disney, est ici très dramatisée, mais s'éloigne en tous points du piétinement par un troupeau de buffle organisé par Mowgli dans les nouvelles de Kipling.

Plusieurs combats sont également ajoutés (vous aussi avez rêvé du combat entre Shere Khan et Bagherra ? Vous allez aimer !), qui n'y figurent pas non plus et servent le classicisme des scénarios américains. En effet, à l'intelligence de Shere Khan manipulant les jeunes loups contre Akela dans le recueil anglais, répond ici une prise de pouvoir grossière que Donald Trump n'aurait pas reniée…

Pas non plus d'interférence avec le monde des hommes, et Kaa ne sauvera pas Mowgli des griffes des singes.

La complexité psychologique (toute relative) du livre ne transparaît donc pas dans le film. Suivant le niveau d'exigence, on pourra trouver ça dommage.

Somme toute, ce film est une gigantesque claque qui mérite toutes les félicitations, et Jon Favreau démontre ici une extraordinaire capacité à toucher à tous les genres.

Entrez, asseyez-vous, et profitez du spectacle...