Le Monde de Narnia : Chapitre 1 - Le lion, la sorcière blanche et l'armoire magique

Film : Le Monde de Narnia : Chapitre 1 - Le lion, la sorcière blanche et l'armoire magique (2005)

Réalisateur : Andrew Adamson

Acteurs : Georgie Henley (Lucy), Skandar Keynes (Edmund), Anna Popplewell (Susan), William Moseley (Peter)

Durée : 02:20:00


            Le Monde de Narnia : le Lion, la Sorcière blanche et l'Armoire magique, réalisé en 2005 par Andrew Adamson d'après le roman éponyme de C.S. Lewis, a suscité de nombreuses réactions. En effet, le film, comme le roman, fait appel au merveilleux pour transmettre des messages aux spectateurs, enfants et adolescents.

 

            L'intrigue débute durant la première guerre mondiale, à Londres, où quatre enfants, Peter (William Mosemey), Suzan (Anna Popplewell), Edmund (Skandar Keynes) et Lucy Pevencie (Georgie Henley) sont envoyés en famille d'accueil dans une vieille maison appartenant à un mystérieux Professeur, Digori Kirke, premier héros du monde enchanté de Narnia. Les spectateurs n’ont pas de mal à s'identifier aux enfants Pevencie. Chacun possède sa personnalité et son caractère. Les rapports entre frères et sœurs sont communs à ceux que nous connaissons : émaillés de disputes, de jalousies, de conflits. Cependant, après leur aventure à Narnia, les enfants ne seront plus les mêmes et auront mûri. En quoi ont-ils évolué ? Et quel mystère se cache à Narnia ? Quel sens l'écrivain a-t-il voulu donner à ce « pays imaginaire », que le réalisateur a su si merveilleusement retranscrire à l'écran ?

 

            Le Monde de Narnia est un monde où le Bien est menacé par le Mal, respectivement gouvernés par le grand Lion Aslan et la reine Jadis, la Sorcière blanche. La froide ambition de cette dernière la pousse à revendiquer la suprématie totale sur ce monde. Le Lion, très bien réalisé par les images de synthèse (à la différence d'autres animaux, comme le renard), majestueux, imposant le respect, est cependant desservi par une doublure vocale française un peu ridicule. Au centre de cette histoire, une prophétie : deux fils d'Adam et deux filles d'Ève sont appelés à vaincre la source du Mal et à ramener la paix à Narnia. Ce terme de « fils d'Adam et de filles d'Ève » n'est pas dû au hasard. En effet, dans la chrétienté, source d'inspiration du roman et donc du film, le premier péché et le mal ont été répandus dans le monde par la faute d’Adam et d’Ève. Cependant, leur descendance a été rachetée. Les jeunes enfants Pevencie se voient donc attribuer une mission originale. Pour l'accomplir, ils vont devoir apprendre à progresser, à se connaître eux-mêmes, à s'aider les uns les autres. A chacun sont confiées une tâche et une mission particulières : à Peter, par exemple, d'être responsable de ses frères et sœurs, d'être digne de leur confiance et d'être juste. Le personnage de Lucy est également très intéressant et très bien exploité dans le film. Elle est une enfant pleine de ressources, capable de s'émerveiller sans douter. C'est la seule à posséder une âme pure. Elle est la plus enthousiaste, la première à comprendre la grande décision rédemptrice d'Aslan. Edmund, lui aussi, est capable de croire mais il est écrasé par l'autorité de Peter. Il a besoin de prendre des responsabilités, de remplir un rôle qui lui soit propre sans toujours dépendre de son grand frère. Aisément influençable, sa soif d’émancipation le conduira cependant à trahir ses frères et sœurs, avant de se repentir. Les quatre Pevencie mûriront, grandiront, tout en essayant de garder leur âme pure. Le jeu des jeunes acteurs, dans leurs combats intérieurs et extérieurs, est tout à fait réussi et crédible.

 

            Le sacrifice d'Aslan, nécessaire au rachat des fautes, notamment celle d'Edmund, est un élément très important du film. Le grand Lion, roi de Narnia, est moqué, frappé et humilié alors qu'il est innocent. Sa résurrection est illustrée par la table de pierre brisée, symbole de la faute pardonnée. Ce drame symbolise le sacrifice du Christ, mort pour racheter les péchés des hommes. Le pardon est un thème récurrent dans ce premier volet de la saga. Alors qu’il est totalement absent au début du film – « Je vais le tuer », dit d’abord Peter en apprenant la fuite de son frère Edmund – Aslan prononcera ces paroles : « Ce qui est fait est fait. Inutile d'évoquer le passé avec votre frère ». Cette image rappelle celle du fils prodigue que son père accueille les bras ouverts.

 

            La musique, composée par Harry Gregson-Williams, accompagne parfaitement l'aventure des protagonistes. Les décors et les effets spéciaux sont impressionnants. Le spectateur découvre avec les enfants Pevencie un monde merveilleux et y entre sans peine avec eux. Il ne se soucie pas de sa vraisemblance car le réalisateur est parvenu à recréer un décor tout à fait véridique, bien que la majorité des scènes aient été réalisées en studio. Les ralentis, maîtrisés, utilisés sans excès, rendent les scènes de bataille encore plus spectaculaires.

 

            L’univers de Narnia ne se réduit pas au merveilleux. Il renvoie chacun à comprendre qu’il est lui-même appelé à remplir une mission qui lui est propre et qu’il doit découvrir en gardant son attention ouverte sur les mondes qui sont les siens, celui du dedans, celui du dehors. Non pas une mission fantastique mais une mission proportionnée à sa vie, dont le sens apparaîtra tôt ou tard. Quand ? « Au moment où tu t’y attendras le moins. Sois attentif », dit à Lucie l’étrange Professeur Digori Kirke.