Le mystère de la chambre jaune

Film : Le mystère de la chambre jaune (2002)

Réalisateur : Bruno Podalydès

Acteurs :

Durée : 01:58:00


Un délicat mélange de suspense et d'humour savamment réalisé par le réalisateur Bruno Polydales dans cette adaptation du roman de Gaston Leroux, qui compte parmi les chefs-d’œuvre de la littérature policière! Un petit clin d’œil d’ailleurs au Tintin d’Hergé clairement affirmé avec le pantalon de golf de Rouletabille.

Savoureux du début à la fin, pour ceux qui savent déguster!

L'intrigue, retenue à point jusqu'aux révélations incroyables du journaliste Rouletabille, plus fort que tous les détectives, entretient le suspense non sans créer quelques impatiences de nous faire connaître la vérité. Mais cela nous laisse apprécier le ton subtilement comique voire surréaliste de chaque scène. Différents effets sont utilisés de manière raffinée à cette intention : des tournures de phrases décalées par rapport à l'époque (Mr Stangerson : "Robert, ne restez pas là, planté comme une andouille"…); des jeux d'acteurs légèrement ironiques envers leurs propres personnages : Mathilde Stangerson, son père, Robert Darsac ; des gags que l'on est pas prêt d'oublier comme celui de la pendule avec Sainclair ; mais aussi des objets très amusants tel que la voiture à panneau solaire ; des échelles de plans "comiques" : celui du plan large de nuit où l'on voit deux petites silhouettes courir), etc.

Les acteurs sont excellents, parfaits dans leurs rôles.

Bruno Podalydes a pu s'appuyer sur un casting idéal avec ses complices habituels d'acteurs issus du théâtre, d’où un jeu très soigné dans les moindres gestes, comme celui de son frère Denis dans le rôle principal de Rouletabille.

On remarquera aussi un duo réussi entre Pierre Arditi dans le rôle de l' inspecteur Larsan et Sabine Azéma dans celui de Mathilde Stangerson.



Le directeur de la photographie, Christophe Beaucarne, est également à saluer pour avoir su donner une atmosphère à la fois finement mystérieuse et d'une autre époque au film. On pense ainsi à la brume du paysage au moment de l'introduction, au ton un peu vert du laboratoire de Mr Stangerson, au ton très jaune sur le visage de Rouletabille à la fin du film, très révélateur d'ailleurs au moment où il dévoile à son ami Sainclair le secret du mystère de la chambre jaune. Les plans de nuit avec les ombres chinoises devant le château participent également à cette ambiance.

Les plans sont très esthétiques et soignés : un petit coup de cœur pour le plan séquence d'introduction avec le petit train, repris au milieu du film et à la fin.

La musique, composée par Philippe Sarde, accompagne aussi toutes les images avec justesse et poésie.

Mais quel que soit notre lien d’attache avec un assassin, cela justifie-t-il le fait de lui donner les moyens de s'enfuir ?

Et vous, si vous trouviez la piste d'un assassin, le laisseriez-vous s'échapper? Même tout aussi sympathique qu'il puisse paraître? Ne sentiriez vous aucune responsabilité à cela? Ne serait-ce pas se rendre complice?

On comprend que « coincer » un être cher et le livrer à la police soit difficile, mais ce bien individuel (le laisser s'échapper) est bien futile en comparaison du bien commun (faire appliquer la justice).