Le Procès de Jeanne d'Arc

Film : Le Procès de Jeanne d'Arc (1962)

Réalisateur : Robert Bresson

Acteurs : Florence Carrez-Delay (Jeanne d'Arc), Jean-Claude Fourneau (Bishop Cauchon), Roger Honorat (Jean Beaupere), Marc Jacquier (Jean Lemaitre)

Durée : 01:05:00


Ce film de Robert Bresson est un classique par excellence : prix spécial du jury au festival de Cannes de 1962, Prix de l'Office catholique international du cinéma (OCIC), Festival de Cannes 1962 et Prix du meilleur film pour la jeunesse, cette œuvre « multi-récompensée » demeure pourtant largement méconnue du grand public, par rapport à d’autres films sur la vie de Jeanne d’Arc, notamment les versions de Dreyer, Victor Fleming et Jacques Rivette.

Elle est pourtant à redécouvrir de par son originalité et son sens de la précision quasi-chirurgicale concernant les événements relatés. Le film a en effet l’originalité de nous relater non la vie entière de Jeanne mais le déroulement de son procès.

 

Robert Bresson s’est essentiellement basé sur les minutes de ce procès ainsi que sur le procès en révision qui eut lieu vingt ans plus tard. Le réalisateur colle de plus près au texte et à l’esprit de ce procès, s’évertuant à restituer l’ambiance et le contexte de l’événement ainsi que la personnalité de Jeanne. À cet égard, le film a le grand mérite de restituer la spiritualité de Jeanne et l’esprit divin qui l’anima, contrairement à trop de films récents (les versions de Luc Besson et Philippe Ramos) et ce manière simple et efficace, en collant au plus près du personnage et de son évolution, sans pathos ni effet appuyé. Cela n’est cependant guère étonnant de la part du du réalisateur des « Anges du péché » imprégné d'un catholicisme teinté de jansénisme qui a d’ailleurs inspiré l’ensemble de son œuvre.

 

S’attardant sur la psychologie de la pucelle, il illustre également de manière pertinente son esprit de résistance tranquille face à ses juges au service de l’Angleterre contre qui elle est en guerre. Résistance non seulement par son action militaire passée qui est évoquée, mais aussi par son endurance face au tribunal et son refus d’avouer des tords qu’elle n’a pas commis. Une résistance qui la mène jusqu’au sacrifice par l’exécution au bûcher. Sur le plan formel, le film se montre d’une sobriété exemplaire et d’une grande minutie dans la description des détails conformément aux précédents films de Bresson. L’évolution des personnages et de leurs actions ou paroles priment largement sur l’action elle-même.

 

Un cinéma historique exigeant et édifiant comme on n’en voit plus actuellement.