Le Vieux qui ne voulait pas fêter son anniversaire

Film : Le Vieux qui ne voulait pas fêter son anniversaire (2013)

Réalisateur : Felix Herngren

Acteurs : Le jour de son 100ème anniversaire, un homme s'échappe de sa maison de retraite pour une cavale rocambolesque, certain qu'il n'est pas trop tard pour tout recommencer à zéro. Débute...

Durée : 01:54:00


Il est de ces films, riches d’un humour original, parfois pas très fin certes, honnis par le spectateur qui ne supporte pas d’avoir un spectacle qui ne lui ressemble pas. On peut se fermer comme une coquille, et sortir furieux, lésé, comme on peut faire un tout petit effort pour se mettre sur la longueur d’ondes de ce qu’on a sous les yeux.
De mon côté, j’ai ri, crescendo, en voyant ce vieillard raconter ses ubuesques et burlesques aventures, qui l’ont fait croiser Franco, Staline, Truman, ou un gang de motards bêtes comme leurs pieds.
Mais l’éternel problème de l’humour décalé est qu’il demande de la simplicité. Le spectateur qui croit être le client-roi parce qu’il a dépensé quelques malheureux sous sent qu’on l’a eu, qu’on l’a arnaqué, trompé, car il n’y a ni princes, ni hauts discours, ni guerres, ni épopées ! Juste un petit vieux et ses rocambolesques rencontres. Pas loin d’un Chat noir chat blanc, l’humour d’Europe du nord-est, faut aimer (j’aime).

Il s’agit d’un témoignage, sans frissons et fioritures, par le rire, sur la simplicité.
Le vieil homme est à la limite de l’idiot, inconscient de ce qui l’entoure, irresponsable, dépassé par les autres. En un mot, un naïf. En fait, cette innocence le conduit à une vie haute en couleurs, dont bon nombre de calculateurs, magouilleurs et manipulateurs en tout genre rêvent le soir… Il se rapproche de l’innocence, de l’humilité demandée par ces mots « soyez comme les petits enfants ». C’est un étonnant rappel que nous ne sommes que poussière, pas grand-chose donc, et que la vie est plus riche vue comme ça.

Mais il ne s’agit pas d’un topo doctrinal, loin de là en fait, car notre vieillard est si inconscient qu’il ne s’étonne jamais. L’étonnement est une singularité de l’humilité, qui découvre, prend plaisir à apprendre, à comprendre le monde. Ici, rien de tout cela. En fait, on se rapproche plus du « je m’en-foutiste » que du saint décalé.
Toujours est-il que cette innocence (pardon d’insister) est ce qui le préserve. Il passe à travers les camps, les conflits, les apparentes injustices du destin (vite orphelin, par exemple) sans être diminué, sans jamais subir ; comme un enfant, loin des simagrées et des pleurnicheries romantiques où l’on multiplie le poids du sort pour se donner une bonne raison de se tirer une balle, dès qu’un malheur survient. Et tout en étant « je m’en-foutiste », notre bonhomme est aussi celui qui ne s’ennuie jamais, qui ne se lasse jamais. Il jouit d’une jeunesse d’esprit qui enterre définitivement ceux dont la mère a « infligé la vie » (même si j’aime aussi Chateaubriand).

Un premier film pour Felix Herngren qui ne plaira pas à tout le monde. Sa réalisation est au service de son récit, plutôt dynamique, à l’image de la pêche qu’a cet incroyable papy.
L’ambiance de ses souvenirs est toujours dépaysante, celle de sa 100ème année qui commence franchement plus modeste.
Le décalage, entre situations grotesques et musique épique, ou entre contexte grandiose et actions ridicules (la danse de Staline, notamment) est le moteur du film. On croirait presque que le film a été écrit par un scénariste ivre, sans aucun complexe ! Une détente sur des questions qui peuvent tenir à cœur assez cynique, tout de même (bonne dose d’humour noir). On veut montrer comment les gens simples peuvent être beaucoup plus heureux que les râleurs. Et des râleurs, devant cet humour étonnant, il y en aura. Tant pis, puisqu’il en faut ! Il y en a bien qui ne desserrent pas les dents devant Papy fait de la résistance