Le Voile des illusions

Film : Le Voile des illusions (2006)

Réalisateur : John Curran

Acteurs : Naomi Watts (Kitty Fane), Edward Norton (Walter Fane), Liev Schreiber (Charlie Townsend), Sally Hawkins (Mary)

Durée : 02:04:00


Dans ce film, le réalisateur John Curran nous fait voyager…

Voyage au cœur de la Chine de 1925, au travers de paysages splendides, dans le contexte difficile d'un peuple atteint par le choléra.

Mais surtout voyage au cœur des sentiments humains à travers deux personnages, Kitty et Walter, admirablement interprétés par Naomi Watts mais, surtout, Edward Norton primé à plusieurs reprises.

Un parallèle bien mis en évidence au début du film avec les scènes en flashback pendant leur expédition et bercées par la très belle musique d'Alexandre Desplat, également primé, et la douceur mélancolique d'Erik Satie, interprété par le grand pianiste Lang Lang.

Ce film est également intéressant par sa profondeur, tant au point de vue psychologique que moral, s'adressant à un public mûr et averti.

L'évolution des personnages est en effet très frappante : Kitty et Walter sont au départ égoïstes, chacun à leur manière. Walter, très amoureux de Kitty désire ardemment et rapidement l'épouser, pressé par sa fonction de directeur bactériologiste qui l'emmène en Chine et malgré le fait de constater qu'il n'est pas aimé de Kitty, qui ne le connaît pas. Il est également très sûr de lui pensant qu'il la rendra certainement heureuse.

Kitty, femme assez sûre d'elle également, n'a pas désiré ce mariage. Mais ne fera pas opposition à sa famille qui arrange leur union, trouvant ainsi moyen d'échapper à l'emprise de sa mère.

Les désillusions vont suivre… Chacun les vivant à sa manière. Le rêve de Walter va être ébranlé en constatant que sa femme le trompe. Kitty, de son côté, n'est pas heureuse et tombe de haut, désespérée, en constatant que son amant ne l'aime pas pour elle-même.

Tous deux, véritablement blessés, vont toucher le fond…

Réunis malgré tout dans un contexte au péril de leur vie, une renaissance va s'opérer, jusqu'à atteindre le paroxysme d'un amour vraiment très beau, purifié par le pardon.

Des premiers actes généreux, un don de soi, seront une des raisons de ce changement, chacun voulant se rendre utile. Walter consacrant son temps à la recherche pour sauver ce peuple du choléra, et Kitty se proposant d'aider un orphelinat tenu par des religieuses.

C'est alors qu'ils se révèleront l'un l'autre dans leurs bonnes actions.

L'entourage et probablement la grâce, dont témoigne la supérieure du couvent, les aideront à cette réunion.

Concernant les plans, on peut relever le très réussi travelling vertical descendant, au tout début du film, où les deux personnages figurent dos à la caméra et opposés l'un à l'autre. Il résume à lui seul, toute la situation : un passé, pesant et lourd ; un présent, très tendu ; et un avenir, menaçant.

Comme un écho, à la fin du film, nous retrouvons un travelling vertical montant cette fois-ci, accompagné par la belle chanson populaire "À la Claire Fontaine", très symbolique dans un tel contexte, montrant à la fois la fragilité de la vie et la douceur du souvenir.

En somme, on peut tirer de ce film une leçon sur la réalité de la vie.