Les chevaliers du ciel

Film : Les chevaliers du ciel (2005)

Réalisateur : Gérard Pirès

Acteurs : Benoît Magimel (Antoine Marchelli), Clovis Cornillac (Sébastien Vallois), Alice Taglioni (Estelle Kass), Géraldine Pailhas (Maëlle Coste), Philippe Torreton (Bertrand), Jean-Baptiste Puech (Ipod),...

Durée : 01:42:00


Inspiré de la bande dessinée de Jean-Michel Charlier et Albert Uderzo Tanguy
et Laverdure, le film Les chevaliers du ciel en est cependant une libre interprétation. Selon les mots de Clovis Cornillac, le réalisateur Gérard Pirès « n'était pas très chaud pour adapter les personnages de l'époque, le côté un peu Pompidou, un peu vieillot... Depuis l'époque de Tanguy et Laverdure, le métier de pilote a évolué, la technique a évolué, les enjeux et les menaces ont changé... Il semblait logique que Tanguy et Laverdure aient changé eux aussi. ».Gérard Pirès était motivé par trois raisons dans la réalisation de ce film : il voulait traiter l’aviation par l’image, travailler avec des comédiens de qualité et faire une œuvre cinématographique où le jeu avait une importance capitale. Le réalisateur affirme lui-même qu’il « y avait un petit côté challenge avec Top Gun » qui n’était pas pour lui déplaire.

Après avoir relevé cette sorte de défi, Gérard Pirès a écrit un scénario en collaboration avec Gille Malançon. Le réalisateur avoue : « On a
écrit une vingtaine de moutures avant d’obtenir le scénario définitif. […] Nous avons placé l’histoire dans la réalité d’aujourd’hui : celle du terrorisme. Tout ce que nous avons imaginé est plausible, conforme à la réalité. Nous avons soumis notre projet à des techniciens de la Défense. » Et l’on est vite pris dans ce scénario, où sont faites des références à des événements réels (comme le 11 septembre 2001). Dès le début du film, l’intrigue est campée. L’action nous prend tout de suite et ne nous laisse pas en repos.

A travers les aventures de ces nouveaux Tanguy et Laverdure, les pilotes sont présentés comme les héros modernes, des hommes d’exception. L’habileté et la dextérité des pilotes lors des « acrobaties » aériennes sont impressionnantes. Il voulait « tenter de réaliser un film résolument moderne sans recourir aux effets spéciaux numériques et aux reconstitutions en 3-D, des prises de vue réelles capturant des scènes aériennes spectaculaires
jamais montrées au cinéma. ».

Et ces prises de vue réelles sont magnifiques. Le ballet aérien des avions de chasse, pilotés par les hommes de l’Armée de l’Air, nous entraîne dans toute sorte de paysages. Du ciel, nous voyons Paris (…et à l’envers), la montagne, le désert près de Djibouti, la Méditerranée et ses calanques. Avec ces images, Gérard Pirès parvient à donner une sensation de vitesse, le spectateur se sent pris dans les évolutions des appareils lancés à pleine vitesse.

Les images sont soignées et elles parviennent à obtenir des effets surprenants. Ainsi, en premier plan est présenté Marchelli et en arrière-plan est visible le Mirage 2000 de Vallois. Durant cette scène, Marchelli tient entre ses doigts le nez du Mirage et semble le manipuler comme un jeu, sachant que ce geste  est en parfait accord avec ses paroles. De même, pour manifester le plus clairement possible les pensées et les
sentiments des acteurs, le très gros plan (TGP) est fréquemment utilisé. Le très gros plan, qui montre un détail des traits du personnage (le regard par exemple), est surtout pratiqué sur la personne de Antoine Marchelli.

Les images sont encore mises en valeur par la musique. Celle-ci souligne le suspens, mais lorsque il se fait trop important elle cesse pour laisser la place à un silence lourd. Mais lorsque le bruit revient, cela se fait avec fracas. Ainsi, après un silence qui semble interminable et où le spectateur a la vive impression d’avoir des boules quies, éclate le tonnerre du Mirage 2000 passant le mur du son. Puis la musique reprend.

Dans Les chevaliers du ciel, on retrouve une certaine complicité entre les pilotes. Celle-ci  passe dès le début par le geste de Marchelli, qui pour sauver son camarade Vallois enfreint les ordres du commandement lui enjoignant d’abandonner la mission. Cette
désobéissance, à laquelle il se voit obligé, n’a pas d’autre but que d’assurer la protection de son coéquipier. Peut-on considérer cela comme une faute ?

L’Etat-Major ne le voit pas ainsi, et ne reçoit pas la défense des deux pilotes. L’un étant radié, l’autre par esprit de reconnaissance donne ses galons au premier caporal qui passe. Mais ce geste mêlant la reconnaissance et la fraternité se heurte à la malhonnêteté de la commission d’enquête qui les juge, à partir de preuves truquées, pour avoir détruit le Mirage 2000 volé. Face à cette attitude déshonorante de la part de l’Etat-Major, il y a l’accomplissement du devoir jusqu’au bout, en acceptant une nouvelle mission, bien qu’ils aient souffert du commandement. En plus de cela, ils se sacrifient, en compagnie de Ipod, pour défendre les intérêts de la France, ce qui, dans ce cas précis, passe par la défense des Mirages.

Toutefois, cette défense légitime
n’entraîne pas la recherche de la violence pour elle-même. La force est utilisée pour se défendre, et non pour le plaisir de tout casser. L’on pourrait même la qualifier d’intelligente et de réfléchie. Avant d’entreprendre une action plutôt périlleuse, Marchelli et Vallois se concertent et prennent le temps de réfléchir.

Il est cependant regrettable que certains dialogues, surtout ceux impliquant Sébastien Vallois, soient vulgaires. Ses « blagues », à la limite de la moralité, n’étaient pas nécessaires, tout comme certains passages suggestifs et la scène assez longue de strip-tease où l’on voit les pilotes se délecter, comme s’ils n’avaient aucune éducation.