Les Garçons et Guillaume, à table !

Film : Les Garçons et Guillaume, à table ! (2013)

Réalisateur : Guillaume Gallienne

Acteurs : Guillaume Gallienne (Guillaume / Maman), André Marcon (Le père), Françoise Fabian (Babou), Nanou Garcia (Paqui)

Durée : 01:25:00


Premier film de Guillaume Gallienne, mais pas premier rôle. Sociétaire à la comédie française, il a également une expérience au cinéma, avec notamment le récent Yves Saint Laurent. Guillaume et les garçon, à table ! est une adaptation de sa pièce de théâtre du même nom. Inspiré de sa propre vie, il qualifie le film de « coming out inversé » en affirmant son hétérosexualité alors que tout le monde le prenait pour un homosexuel. Si se jouer soi-même ne représente pas la plus grande difficulté même si le personnage est autonome, en revanche Guillaume Gallienne interprète sa mère avec finesse. La mise en scène est brillante pour un premier film mais les scènes manquent de liant. Les anecdotes et sketches s’enchaînent avec le but non pas de raconter une histoire mais plutôt d’émouvoir, faire rire, choquer, interpeller le spectateur. A défaut d’être un objectif, c’est en tout cas le résultat d’une mise en scène égocentrique enrobée d’ironie et de cynisme. En effet, les personnages secondaires sont simplifiés à outrance leur conférant ainsi le rôle caricatural de faire-valoir. Les clichés font alors leur petit défilé : le père à la virilité crétine, les frères abrutis à l’instar de leur géniteur, la pension de garçons forcément atroce avec d’autres abrutis qui se masturbent tous en cœur sous les yeux naïfs et purs de Guillaume, des psychanalystes plus escrocs qu’efficaces (ce qu’on veut bien croire…), sans parler de la médecine militaire… Bref une armée de sombres idiots incapables de comprendre la souffrance du garçon qui se prend pour une fille. Le personnage de Guillaume ne touche donc qu’à moitié.

 

On imagine sans difficulté la souffrance d’un garçon plus efféminé qui essaie d’exister dans un univers viril et stéréotypé. Néanmoins, on s’interroge sérieusement sur l’authenticité du parcours psychologique. Le personnage de Guillaume est tellement candide que l’on flirte avec la restriction mentale et la niaiserie. Ainsi, même le personnage principal est dans la caricature (peut-être par pudeur ?) ne pouvant a priori émouvoir que les grands naïfs. Il est cependant assez étonnant que le film n’ait pas davantage soulevé de polémiques tant le milieu homosexuel est représenté dans son pire état. Caricature ? L’objectif de l’œuvre n’étant pas rationnel mais émotionnel, elle représente un échec dans la mesure où l’émotion sans vérité ne peut vraiment toucher. Si l’on essaie d’imaginer une ambition rationnelle, quelle pourrait être la thèse du film ? Il s’agit en réalité de l’expérience malheureuse d’un enfant en quête d’une identité sexuelle mais entouré de gens encore plus paumés que lui. Il n’y a pas de parti-pris sur la question du genre si ce n’est en mettant toutes les possibilités sur le même plan : un garçon qui se prend pour une fille (problème du transgenre), un garçon qui se demande s’il n’est pas homosexuel, et finalement une personne qui découvre qu’il est, malgré un contexte familial désorientant, simplement hétérosexuel. Bref un non-problème (intellectuellement parlant) et… beaucoup de bruit pour rien...