les malheurs de Sophie

Film : Les malheurs de Sophie (2015)

Réalisateur : Christophe Honoré

Acteurs : Anaïs Demoustier (Madame de Fleurville), Golshifteh Farahani (Madame de Réan), Muriel Robin (Madame Fichini), Caroline Grant (Sophie de Réan)

Durée : 01:46:00


L’infernale petite Sophie est de retour sur les écrans 35 ans après la dernière version de Jean-Claude Brialy (1981). On était sur le point d’oublier les quatre cents coups de la petite peste faisant fondre sa poupée de cire au soleil, ou découpant ses poissons rouges au canif. Mais le réalisateur Christophe Honoré a ressorti des cartons ce bon vieux conte écrit par la Comtesse de Ségur en 1858.

Au menu, une adaptation classique plutôt moyenne cependant adaptée aux enfants. En revanche cette version n’apporte rien de plus et déçoit par rapport à la précédente. Globalement le casting est assez mal géré avec une Sophie pas vraiment malicieuse présentée comme insensible. La plupart des acteurs surjouent leur partition, comme s’ils étaient au théâtre. Muriel Robin n’échappe pas à la règle. La mise en scène ne relève pas d’un grand naturel.

Un joli monde d’enfants… infantilisant

Le léger plus serait peut-être l’accent mis sur le comportement des enfants entre eux, leur complicité et leurs disputes. Mais le réalisateur ne semble pas arriver à différencier le regard de l’enfant de celui de l’adulte. Si bien que la plupart des adultes adoptent un comportement totalement inapproprié face au garnement Sophie : hommes gagas infantilisés et absents, femmes en colère peu finaudes, violentes et parfois cyniques, donnant des coups de fouet comme on donnait des coups de rotin sous l’Empire romain… Effet du hasard, le film tombe pile poil la semaine où une loi sur l’interdiction de la gifle et de la fessée est présentée à l’Assemblée nationale. Y aurait-il un conte dans le conte ?

Les malheurs de Sophie nouvelle mouture ne rejoint malheureusement pas le courant de restauration historique actuellement visible dans nombre de films et séries d’époque. Il continue de miser sur les bons vieux préjugés de classe marxistes avec des répliques du style : « bénissons Dieu de la laideur des petites gens ! ». Enfin il recourt à l’incrustation d’animaux de dessins animés comme dans les vieux films des années 60/80 mélangeant réalité et cartoons, l’exemple culte du genre demeurant Qui veut la peau de Roger Rabbit ? (Robert Zemeckis, 1988). Difficile de trouver cela terrible en 2016… Au final, on part donc d’une excellente idée de remake pour atterrir fort banalement sur un film inégal, mal recopié et techniquement régressif. Dommage car il y aurait pourtant eu beau à faire en jouant sur des répliques décalées ou en diversifiant les stratégies de l’entourage adulte pour contenir le liseron sophistique !