Les Mythos

Film : Les Mythos (2010)

Réalisateur : Denis Thybaud

Acteurs : Stéphanie Crayencour (Marie Van Verten), Ralph Amoussou (Moussa), Alban Ivanov (Nico), William Lebghil (Karim) .

Durée : 01:27:00


une comédie black-blanc-beur souvent drôle mais un peu poussive et n'exploitant pas suffisamment sa matière.
Mêler les princesses à la populace est un ressort comique vieux comme le rire, resservi dans Les mythos par une bande de joyeux drilles qui
rappellent un peu le duo britannique de Simon Pegg et Nick Frost (entre autres Shaun of the dead, d'Edgar Wright, en 2005, ou Hot Fuzz, de Nicholas Angel en 2007). « Comme dans Un fauteuil pour deux, ce film raconte l'histoire de personnages projetés dans un univers qui n’est pas le leur » explique Denis Thybaud.

Incarnée par Stéphanie Crayencour, l'égérie du film est un pastiche à peine déguisé de Paris Hilton. Capricieuse, égoïste, superficielle (pardon Paris, je sais qu'on ne se connaît pas, mais j'explique le film !) celle-ci a l'idée soudaine de transformer un gisement en parc naturel, ce qui lui attire les foudres de méchants tueurs.

En face, trois péquenots paumés qui se font passer pour des gardes du corps. Évidemment la protection rapprochée est un vrai métier qui ne souffre pas l'improvisation. Situations cocasses s'enchaînent donc dans ce scénario assez bien ficelé techniquement, quoique parfaitement prévisible.

Il faut dire que le terrain est riche. Les Bodyguards (de Mick Jackson en 1992), The Hard Corps (de Sheldon Lettich en 2006) et autres films du même acabit se sont déjà plu à mettre en scène (de façon plus sérieuse il est vrai) les relations compliquées entre protecteurs et protégés. Le film va donc tenter assez désespérément de glisser un peu de profondeur entre les gags. Peine perdue. La jeune
écervelée souffre d'une blessure secrète que le spectateur n'aura pas l'honneur de connaître en détails, à la différence peut-être de William Lebghil alias Karim, un des imposteurs au coeur un peu plus tendre que les autres. La relation entre les deux jeunes gens est d'ailleurs bien peu approfondie et se cantonne à placer Marie dans un contexte de quartier populaire, de façon assez caricaturale il faut dire (Marie ne sait pas ce que sont des pois chiches !).

De ce fait il manque à cette petite comédie ce « je ne sais quoi » qui laisse une trace dans les vidéothèques. On s'amuse assez souvent, mais la peinture de trois jeunes « de banlieue » au contact de la bourgeoisie ne suffit pas à faire un film.


Raphaël Jodeau