Les parisiens

Film : Les parisiens (2004)

Réalisateur : Claude Lelouch

Acteurs : Massimo Ranieri (Massimo), Maïwenn Le Besco (Shâa), Mathilde Seigner (les deux sœurs jumelles), Michel Leeb, Arielle Dombasle (la châtelaine), Grégori Dérangère (l’agent immobilier véreux) et Patrick...

Durée : 01:59:00


Les Parisiens est le premier volet de la trilogie intitulée Le genre humain, qui sera suivi de Le Bonheur, c’est mieux que la vie et Les ricochets ou la légende du siècle. Dans une interview, Claude Lelouch a
déclaré qu’il notait tous les petits détails qu’il avait l’occasion de remarqués autour de lui et qui le touchaient d’une manière ou d’une autre. Depuis quarante ans, il rêvait d’en faire un «film-somme» par le biais d’une trilogie, sur ce qu’il connaît le mieux (la société du spectacle), sur le cycle de l’amour, et sur les rêves, angoisses et aspirations des citadins. D’où la citation de Victor Hugo, qui introduit le film: Pas d’intrigue, pas d’autre nœud qu’un fil (…) ce fil mystérieux du grand labyrinthe humain. Car je considère le genre humain comme un grand individu collectif».

En effet, cette phrase résume bien l’impression générale du film. On distingue une intrigue amoureuse, mais celle-ci ne fait qu’émerger d’un pot-pourri de courtes situations volontairement inopinées, mettant en scène des protagonistes qui apparaissent, disparaissent, parfois se croisent… Un SDF illuminé, un agent immobilier arnaqueur, une châtelaine isolée, une parisienne aux goûts de luxe, un fumeur
intoxiqué… On a beaucoup blâmé ce manque de continuité, mais c’est justement le but du film que de ne pas en avoir, ou alors on n’a pas compris Victor Hugo. Et en cela Lelouch a été fidèle à son idée artistique.

Notons aussi une bande originale essentiellement constituée des chansons de Francis Lai qui, si elles peuvent paraître répétitives, restent de jolis morceaux qu’on ne se lasse pas d’entendre.

Les Parisiens, bien que son scénario échappe parfois au spectateur, plaira à ceux qui ne voient pas dans le cinéma un art aux règles de scénario précises et recherchant un but précis. Par contre, si vous êtes soucieux de logique et si les incongruités vous déplaisent, abstenez-vous.

Si Les Parisiens peut être apprécié artistiquement, ce film est fortement déconseillé aux jeunes adolescents, à plus forte raison aux enfants car les scènes où les propos qu’il contient sont fréquemment immoraux. C’est ce qu’on peut
malheureusement reprocher à Lelouch: dans son intention de montrer la vie en trois dimensions, il a trop insisté sur la dimension de la débauche, de la misère, en bref sur le côté le moins beau de la vie. Les exemples sont nombreux: une conversation trop scabreuse lors d’un dîner, de nombreuses situations d’adultère, une scène particulièrement crue dans une boîte échangiste, une prostituée dont la nudité est dévoilée au grand jour… Les dernières ne sont même pas suggérées et ne devraient tout simplement pas être. Cela gâche vraiment un film qui aurait pu être bien. Car si le côté artistique ne mérite pas le blâme qu’il a rencontré, il n’empêche que l’on ne peut voir et apprécier un film sans négliger la morale, et en cela il faut être averti que ce film est tout sauf moral.

Notons aussi que la vision de l’amour (sentiment qui se veut noble a priori) qu’apporte le film n’est guère édifiante.

Ceux qui pensent comme André Gide que «c’est avec les beaux
sentiments que l’on fait de la mauvaise littérature» (ou du mauvais cinéma?) seront certes satisfaits, mais c’est donner un bien mauvais aperçu de la vie que de montrer ce qu’elle peut avoir de moins noble.

Benoît d'ANDRE