L'Homme qu'on aimait trop

Film : L'Homme qu'on aimait trop (2012)

Réalisateur : André Téchiné

Acteurs : Guillaume Canet (Maurice Agnelet), Catherine Deneuve (Renée Le Roux), Adèle Haenel (Agnès Le Roux), Jean Corso (Fratoni)

Durée : 01:56:00


Le dossier Le Roux n'a pas fini de faire couler de l'encre, ou de la pellicule, comme vous voulez. D'autant que malgré la condamnation de Maurice Agnelet à 20 ans de réclusion par la Cour d'appel de Rennes en avril 2014, tout ne semble pas résolu dans cette affaire (après tout, le cadavre n'a jamais été retrouvé). Depuis l'affaire Sextus magistralement débattue par Cicéron en 81 avant Jésus-Christ, on sait bien que les procès difficiles ont cette propriété de laisser planer mille doutes, parfois pendant plus de 2000 ans ! Faudra-t-il attendre aussi longtemps pour connaître la vérité sur la disparition d'Agnès ? Les paris sont ouverts, mais ce n'est pas tant ce qui nous préoccupe ici. Qu'en dit le film ?

 

Celui-ci s'évertue à ne pas prendre parti. Maurice Agnelet est interprété par un Guillaume Canet au top de sa forme, quoiqu'il finisse singulièrement « cul nu » toutes les demi-heures en moyenne alors que cela n'apporte strictement rien au film.

De son côté la captivante Adèle Haenel le lui rend bien. Entre deux parties de jambes en l'air (décidément les Adèles !..) ou de sous-pesage de seins (si si !), elle incarne brillamment son rôle de jeune fille perdue dans des affaires qui la dépassent, le coeur à vif pour ce petit avocat malin et arriviste.

Catherine Deneuve, pour sa part, fait un sans faute dans son rôle de mère trahie. Du point de vue du casting, donc, on ne peut pas dire qu'André Téchiné (à la fois réalisateur et scénariste) ait choisi des gueules cassées pour donner tort à l'un ou l'autre des partis.

 

Ce point de vue doit cependant être nuancé. Renée Leroux, la mère d'Agnès, dispute à sa fille le  centre du film. Présentée comme une femme entreprenante et courageuse, défenderesse des petits (ses salariés) contre une mafia sans scrupule, elle est aussi cette mère trahie qui assume ses responsabilités, met en garde sa fille et poursuit de sa vindicte judiciaire l'assassin présumé (n'en déplaise aux rêveurs de la présomption d'innocence). Aucune surprise, donc, quand on apprend que le scénario a été fait à partir de son ouvrage Une femme face à la mafia, coécrit avec son fils, lequel est à la fois scénariste et totalement absent dans l'histoire du film.

 

Le scénario est quant à lui très bien construit. Il a choisi de ne pas se focaliser sur les aventures mafieuses de la belle ville de Nice (mais c'est fini tout ça ! Siiiiiiiiii!) afin de mieux se concentrer sur la romance fatale entre Agnès et Maurice. On constate que les deux zozos s'assoient sur la morale comme sur un coussin-péteur (lui est déjà marié et père d'un enfant) au nom d'un romantisme comme d'habitude terriblement destructeur (avis à ceux qui seraient tentés par la noirceur du sentiment incontrôlé !).

 

La reconstitution des différentes époques (bon ce n'est pas un péplum non plus !) et l'univers monégasque sont très bien rendus, mais on sort cependant de ce film avec l'impression d'avoir réussi à plonger dans les images des journaux à scandales sans pour autant en avoir retiré grand chose…

Ni documentaire, ni drame purement sentimental, ni périple judiciaire, le film laissera aux plus exigeants un goût d'inachevé.