M. Popper et ses pingouins

Film : M. Popper et ses pingouins (2011)

Réalisateur : Mark Waters

Acteurs : Jim Carrey (Tom Popper), Carla Gugino (Amanda), Ophelia Lovibond (Pippy), Madeline Carroll (Janie Popper), Angela Lansbury (Mme Van Gundy)

Durée : 01:40:00


Une petite comédie extrêmement classique, portée par un Jim Carrey fatigué et sauvée par son rythme et ses effets spéciaux.
Basé sur le roman Mr. Popper’s Penguins de Richard et Florence Atwater, publié en 1938 et célèbre outre-atlantique, le film prend quelques distances avec le livre, qui raconte l’histoire d’un modeste peintre en bâtiment et de sa famille, qui héritent de douze pingouins. Pour Derek Dauchy, producteur exécutif, « l’histoire ne se passe plus durant les années 30, et notre Tom Popper est très différent de celui du livre. Mais bien qu’il ne soit plus un peintre en bâtiment qui rêve de parcourir le monde, le scénario reste fidèle à l’
humour du livre, à ses valeurs familiale et à son histoire, celle d’un homme qui apprend quelque chose sur lui-même en recevant par erreur ces pingouins. »
(in Dossier de presse).


Dans ce film, donc, six manchots (appelons-les « pingouins » pour faire plaisir à l'affiche) pour un Carrey dans une comédie aussi farfelue qu'un Farelly. Les codes du genre sont scrupuleusement respectés, à commencer par le cadre de l'histoire : un homme d'affaire brillant aux scrupules microscopiques qui tente d'éduquer des enfants dans un contexte de famille décomposée. Un décor cramoisi, en somme, que
l'arrivée de nos six super-pingouins va chambouler quelque peu. L'histoire se rapproche du conte sitôt que la salle de bain est remplie d'une eau suffisamment disciplinée pour ne pas passer sous la porte, et que l'appartement est intégralement rempli de neige afin de fournir un biotope à la hauteur de ses locataires. Bref l'absurde a débarqué, pour notre plus grand plaisir !

Cap'taine, Brailleur, Pinceur, Schlingueur, Looping et Calinou ne font pourtant pas toujours le bonheur de leur propriétaire, enchaînant les bêtises à un rythme hallucinant. «  Au début, M. Popper pense que les pingouins sont le plus grand fléau de tous les temps, explique le réalisateur. Six animaux sauvages qui courent partout dans son appartement, c’est comme avoir six bambins qui ne savent pas encore se
servir du pot… »
Même l'activité professionnelle de Tommy en souffre : imaginez six pingouins hyperactifs perturbant une soirée-cocktail (tout un programme !). Mais si notre agent immobilier en pâtit, ses enfants s'en délectent, et c'est la clé du changement. Son fils, le petit Billy, est persuadé que ces sphéniscidés (merci Wikipedia !) sont un cadeau d'anniversaire, et son adolescente de fille, Janie, n'a jamais été si heureuse de retrouver son papa une semaine sur deux. Même sa femme, incarnée par cette sorte de Clémentine Célarié américaine qu'est Carla Gugino, retrouve en Tommy l'homme qu'elle a aimé. Bref, tout ce petit monde se retrouve la larme à l'œil et le sourire aux lèvres dans le grand salon de papa pour rigoler avec des pingouins auxquels il ne manque que la parole !

Pourtant le dit papa a un certain
nombre de problèmes à régler.


Malgré l'aide de son assistante hyper-entraînée, il doit parvenir à vendre le restaurant d'une charmante vieille dame (incarnée par Angela Lansbury, l'héroïne de la série Arabesque que les employés de maison de retraite connaissent bien) afin de le démolir. Or cette espèce de gentille dame n'accepte de le vendre qu'aux gens doués d'une profonde humanité. Hé oui ! On ne peut rien vous cacher : Tommy va effectivement se casser les dents sur cette vente jusqu'à ce qu'il devienne un chic type, et tout cela grâce aux pingouins ! Puisqu'on vous le dit, que tout est prévisible !
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Mais ce n'est pas le seul problème de notre homme, qui vit très difficilement le début de relation entre son ex-femme et Rick, un garçon un peu étrange. Les enfants, amusés comme on peut l'être quand les parents n'habitent plus ensemble, font des pieds et des mains pour récréer le lien. A voir les deux tourtereaux se regarder avec des yeux de cocker, on ne comprend d'ailleurs pas vraiment pourquoi ils ont divorcé, ce qui entame cruellement la crédibilité du scénario. Mais dans un film où un pingouin vole grâce à un cerf-volant attaché dans le dos, on n'est pas à ça près !


Reste alors le problème de communication entre Tommy et Janie, sa fille. Alors que celle-ci rencontre dans sa vie des problèmes d'une gravité extrême (imaginez un peu : elle essaie de conquérir le cœur d'un garçon au milieu des ragots de son collège !), son père ne sait pas comment lui répondre. En fait, il faut dire que jusqu'à la fin du film, il ne lui répondra pas vraiment, mais les pingouins constitueront un dérivatif assez efficace !


Et comme dans toutes les comédies,
il faut un méchant ridicule. C'est le cas d'un employé de zoo très zélé qui veut récupérer les pingouins. Pourtant, seul le genre de la comédie parvient à rendre ce personnage, qui a raison sur toute la ligne, un tantinet ridicule, comme en convient son interprète Clark Gregg : « quand Nat Jones arrive chez M. Popper après avoir répondu à l’appel à l’aide de Poppi, il décrète qu’un luxueux appartement de Park Avenue n’est pas un environnement approprié pour des pingouins, et qu’ils doivent être emmenés là où ils devraient être, c'est-à-dire dans un zoo. Il a raison, mais M. Popper s’est attaché à ses oiseaux et va tout faire pour l’empêcher de les emmener. »


>Cette comédie se laisse donc apprécier, pourvu que le spectateur ne recherche pas un scénario élaboré et à la structure originale.


Raphaël Jodeau