Mad Max: Fury Road

Film : Mad Max: Fury Road (2015)

Réalisateur : George Miller

Acteurs : Tom Hardy (Max Rockatansky), Charlize Theron (L'impératrice Furiosa), Zoë Kravitz (Toast), Nicholas Hoult (Nux)

Durée : 02:00:00


Voilà dix ans que George Miller le machinait. Cet ultime volet de Mad Max est une furie dans le genre des road movies. Le film se présente comme un bijou technologique surpassant les blockbusters classiques d’Hollywood avec ses mouvements de caméras hallucinants pris à des vitesses défiant la raison… voire la prudence ! Pas de recours à des doublures pour les cascades : Tom Hardy (Max) et Charlize Theron (Furiosa) en prennent plein la figure pour échapper au méchant Immortan Joe. L’accent est mis également sur des effets spéciaux finement travaillés qui rapprochent parfois ce Mad Max d’un film d’animation. Quoi d’étonnant de la part du réalisateur d’Happy Feet (1&2) ?

Malheureusement, les prouesses techniques de la réalisation cachent d’importantes faiblesses. Le scénario se limite à des va-et-vient dans le désert au seul motif que l’humanité, en fin de cycle, « ne sait plus où elle va ». Un peu léger. Les dialogues sont uniquement provoqués par l’action et les deux personnages principaux sensés illustrer ce qu’il reste de l’humanité n’ont aucune profondeur : ils font presque corps avec leur machine et n’inspirent pas beaucoup plus d’émotion que les monstres qui les poursuivent. Ils sont si mal travaillés qu’on se demande à quoi sert Mad Max dans cette histoire : le Mad est complètement éclipsé par Furiosa, il a 2 de tension et 3 remorques de retard.

Mais le défaut majeur est l’absence de variation rythmique qui aurait pu laisser place aux questionnements, à l’émotion et au suspense. L’action se passe à 200 à l’heure du début à la fin, emportée par une musique d’abord envoûtante et puis finalement surjouée.

Si bien que le principal personnage oublié dans ce film après Max lui-même, c’est… le spectateur. Il prend des tas de débris savamment projetés à la figure par des roues étonnamment increvables d’ailleurs… et puis c’est tout. On s’attend à un peu de symbolique pour pimenter l’action, à la façon d’Indiana Jones et le Royaume du Crâne de Cristal (2008), ou un peu de suspense sur le mobile de la poursuite comme dans Duel (1983). Mais non. Le film s’arrête à son délire technique. Les valeurs humaines ne sont pas exploitées. L’espoir d’un monde meilleur est mentionné, et puis rapidement éludé dans ce monde sans issue. Ce n’est pas le sujet : toute idée transcendantale est évacuée.

C’est pourquoi le dernier opus de George Miller, quoique faisant un pied de nez aux œuvres de science-fiction basées sur des effets tirés par les cheveux, ne parvient pas à rivaliser avec Spielberg ou Cameron. Miller nous fait du Besson (Lucy) : il s’amuse avec sa caméra et n’a aucun message à transmettre, si ce n’est une vague contestation de la tyrannie et quelques allusions écolos sur la préservation d’une « Terre Verte » dont on apprend finalement qu’elle n’existe plus. Une fois achevé le grand huit, on se dit : waouh, c’était impressionnant, mais ça fait du bien aussi quand ça s’arrête !