Maggie

Film : Maggie (2014)

Réalisateur : Henry Hobson

Acteurs : Arnold Schwarzenegger (Wade), Abigail Breslin (Maggie), Joely Richardson (Caroline), Laura Cayouette (Linda)

Durée : 01:35:00


Au rayon des films de zombies, difficile d’exister après l’excellent World War Z (2013) qui avait impressionné les fans du genre par le réalisme de ses créatures mutantes.

Malgré un budget infiniment plus modeste (8M$ contre 190M$ !), le film Maggie est d’une bonne facture. Il axe toute l’intrigue sur la transformation d’un seul personnage, la jeune ado Maggie, qui a été infectée par le virus : va-t-elle devenir un monstre ? Son père va-t-il devoir la tuer ?

On quitte ainsi rapidement le registre des films sur les grandes pandémies mondiales pour se focaliser sur la relation touchante entre une fillette vulnérable et son père attendri, relation qui a la potentialité de devenir un face-à-face mortel.

Le film tire ainsi son originalité en questionnant profondément la transformation par le virus : à quel moment cesse-t-on d’être humain ? Jusqu’à quand Wade va-t-il pouvoir se comporter comme un père ? Intéressante expérimentation des « frontières » de l’humain et belle réflexion sur la fin de vie : est-ce humain de sacrifier un humain perdant son humanité ? Non, répond le film. Tout être humain garde sa dignité humaine, quelle que soit sa défiguration, et tout doit être fait pour la préserver le plus longtemps possible. Réponse belle et courageuse à l’heure de débats parfois légers et « expéditifs » sur l’euthanasie.

Les autres films de zombies éludent le plus souvent la question parce qu’ils jouent sur une transformation rapide et chronométrée des victimes en fonction du type de virus inoculé, pour augmenter les effets de surprise et de peur.

Côté interprétation, Schwarzenegger pèse une fois encore de tout son poids dans un rôle paternel classique pour lui, mais avec une jolie nuance. S’il a en effet sauvé de nombreuses jeunes filles en péril depuis Un flic à la maternelle (1990), on le retrouve ici confronté à une impuissance totale pour épargner sa fille. Le film met alors les projecteurs sur la force morale et psychologique de ce personnage musculeux dont la force physique n’est, pour une fois, d’aucun secours dans cette équation cornélienne. Le mérite revient également à la jeune actrice Abigail Breslin, 19 ans, qui rend une partition parfaite après avoir déjà joué dans plusieurs films de zombies (Bienvenue à Zombieland 1 & 2). Le réalisme de cette très jeune actrice dans des situations dramatiques assez bouleversantes est d’ailleurs parfois inquiétant. On n’aura de cesse de lui recommander un psy !

Côté réalisation, on déplorera le délire du néophyte Henry Hobson avec sa caméra épaule abusivement virevoltante et sa cascade inutile de gros plans qui restreignent de façon considérable le champ de l’action. Par ailleurs, la désaturation et l’assombrissement des images n’apportent aucune plus-value à un film qui joue plus sur la compassion que sur la peur. Heureusement, le son bien maîtrisé et une bonne musique sauvent cette réalisation victime d’un agaçant effet de mode…