Magic in the Moonlight

Film : Magic in the Moonlight (2014)

Réalisateur : Woody Allen

Acteurs : Colin Firth (Stanley Crawford), Emma Stone (Sophie), Eileen Atkins (Tante Vanessa), Marcia Gay Harden (Mme Baker)

Durée : 01:38:00


Woody Allen a encore frappé. A défaut de faire dans l'originalité, on retrouve ce bon vieux cinéaste en pleine forme, toutes caméras dehors, réempruntant le sillon usé des thèmes qui lui sont chers. On retrouvera donc l'ambiance jazzy, le jeu d'acteur névrosé (quoique bien moins que d'habitude), les dialogues constellés de bons mots, la magie (Woody Allen s'est lui-même souvent adonné aux cartes et à la prestidigitation), les interrogations sur l'au-delà et, bien sûr ce joli animal inconnu qu'on appelle femme (rrrrrrho ! Ça va ! Criez pas ! Je rigooooole!).

Toujours est-il que tout ces thèmes sont admirablement traités, imbriqués, dans un scénario faible quant à l'intrigue mais brillamment ornementé, et qui donne à ces acteurs hors pair un moyen de s'exprimer. La richesse des propos, d'une élégance égale à la finesse de leur ingénieur, tire le spectateur vers le haut.

Sur le fond c'est, comme souvent avec Woody Allen, beaucoup moins reluisant.

Les doutes de Stanley Crawford, appuyé sur cet éternel instrument de toutes les idéologies qu'est Nietzsche, sont intéressants et assez bien articulés. Mais on aurait aimé que le cinéaste allât plus loin, au lieu de louvoyer entre les options.

Quelle est la « morale » de l'histoire ? Que l'illusion d'un au-delà rendant les gens heureux, il est acceptable… Hé bien… Voilà qui n'est pas très original et donne au propos filmique un air hautain par rapport à ces croyants naïfs. Combien de génies ont pourtant cru, de Pascal à Einstein ?

On aurait pu espérer, d'un esprit comme celui de Woody Allen, meilleure nourriture même si celui-ci a l'honnêteté de plonger son personnage principal dans un scientisme tout à fait mortifère !

La relation amoureuse est quant à elle tout à fait pitoyable. On ne dira pas qui finit avec qui par pudeur pour l'intrigue, mais il serait tout à fait improbable que ce couple durât. Ce film ressemble donc à beaucoup, qui glorifient le sentiment pour mieux exiler tout amour enraciné dans le partage de valeurs solides. Passé le mot « fin », on est prié de croire que cela durera toujours. M'objectera-t-on que cette superficialité est le propre des contes ? Pourquoi pas, mais les contes sont superficiels de bout en bout. Ici, Woody Allen tisse avec profondeur une issue superficielle, et ce contraste mérite sans aucun doute d'être dénoncé, tant il donne l'illusion d'aimer vraiment à celui qui chérit seulement.