Le polar est un genre qui permet encore au cinéma français de garder un peu de dignité grâce à des réalisateurs talentueux comme Olivier Marshall ou Fred Cavayé. Ici, Pierre Jolivet se lance honorablement dans le genre, soutenu par un Roschdy Zem et une Leïla Beckhti parfait dans leur relation père/fille.

Dans le principe le scénario mêle adroitement enquête policière et quête familiale. Lucas, chef de police dans le service sur les trafics d'armes, n'a que son travail. Mais il souffre du vide de son existence. Alors que son passé est un mystère pour ses collègues, le spectateur finit par découvrir que ce quadragénaire endurci a une fille paumée qu'il ne connaît presque pas et travaille aux stups dans un service « spécial ». Il a payé chèrement le lâche abandon de sa femme et ressent subitement le désir d'être père.

Les cinéastes apportent un élément de réponse à la question de la paternité : être père, c'est protéger. Lucas ne force pas sa fille à l'accepter ou à lui pardonner. Il décide de la protéger et met son travail au second plan. Sa rédemption manque cependant d'équilibre. Il se détourne de son devoir de policier, commet des erreurs de management, et ne parvient pas à éviter la mort d'un subordonné.

Avec réalisme, Jolivet fait ainsi ressortir l'humanité meurtrie de ses personnages en recherche de lumière. Sans cette dimension morale son polar ne serait qu'un vulgaire divertissement. Néanmoins, on regrettera que le versant policier manque de réalisme et de consistance. On essaie de masquer le classicisme de l'action par des ellipses ou des mots compliqués mais l'ennui n'est jamais loin.