Megamind

Film : Megamind (2010)

Réalisateur : Tom McGrath

Acteurs : Will Ferrell (Megamind), Brad Pitt (Metro Man), Tina Fey (Roxanne Ritchi), Jonah Hill (Hal/Titan ), .

Durée : 01:35:00


Un film d'animation rythmé au doublage parfois imprécis, qui échappe par son fond comme par sa forme à un public trop jeune.

Produit entre autres par Ben Stiller, fabriqué par les créateurs de Shrek et doublé par de célèbres voix, Megamind est un film d'animation extrêmement travaillé. Le scénario est complexe, les psychologies assez approfondies, et les questions existentielles des personnages pas si naïves que ça.

Le principal caractère est incontestablement celui de Megamind, le grand méchant. C'est lui qui est le plus étudié. Les raisons de sa méchanceté d'abord, comme Gru dans Moi, moche et méchant, ont leurs sources dans la petite enfance. Timide, fragile, persécuté
par les autres élèves de sa classe, il essaye de compenser en créant des bijoux de technologie, qui finissent chaque fois par créer des désastres, ce qui lui donne l'idée de se spécialiser dans la méchanceté. L'explication paraît candide, mais elle défend en réalité une position très en vogue, qui veut expliquer la méchanceté par le passé du délinquant. De ce fait, la méchanceté n'existerait pas vraiment. Elle serait le produit explosif d'une vie malheureuse, et celui qui en est atteint pourrait être guéri à force d'affection. Évidemment cette explication ne saurait être aussi simple, puisqu'elle nierait l'existence de la liberté de l'homme qui peut, rappelons-le, décider d'être authentiquement méchant, par un choix de sa volonté libre. Les chiens méchants sont reconditionnables, les hommes peuvent décider de ne pas l'être. C'est pour cette raison qu'au moment où Roxanne lui prodigue sa tendresse, Megamind va devoir décider de redevenir gentil : « cCest drôle, apparemment le destin
n'est pas la voie qui s'offre à nous, mais c'est la voie qu'on choisit »
, raisonne la voix off, à la fin du film. Mais pour tout dire, Megamind était déjà un gentil qui s'ignorait. Mise à part cette blessure de se sentir rejeté, il n'était méchant que par amour du sport, pour pouvoir affronter son grand ennemi Métroman, gardien de la belle cité. C'est pour cette raison qu'une fois ce dernier disparu, Megamind va sombrer dans la dépression. Ça ne l'amuse pas d'être méchant s'il n'y a pas de superhéros. Cette précision entraîne que les enfants pourraient se mettre à apprécier ce faux méchant sympathique, désinvolte et somme toute presque inoffensif, et se faire ainsi une fausse idée de la méchanceté et des dégâts qu'elle provoque : la solitude (certes soufferte par Mégamind, mais pas en apparence tellement il semble s'amuser), la tristesse (également vécue mais uniquement quand son adversaire
disparaît), la soif inextinguible de vengeance (beaucoup plus drôle dans le film que dans la triste réalité), etc...

Le second caractère est celui de Métroman, cet insupportable premier de la classe, narcissique et arrogant. Il est en fait plus méchant que Mégamind mais, nouveau brouillage pour les enfants, c'est le gentil de l'histoire. Il fait partie de ceux qui persécutent Megamind dans la classe, et se fait une réputation de superhéros grâce à ce comportement (et un peu grâce à ses super-pouvoirs, il faut le reconnaître).

Il ressort également une idée forte du film : la cohabitation et la lutte entre le bien et le mal, dans le plus pur manichéisme. Le mal a même besoin du bien
pour exister puisque Megamind perd sa raison de vivre quand il perd Metroman.