Judd Apatow se spécialiserait-il dans la création de comédies douteuses? Après la sortie de Funny People qu'il a réalisé lui-même en 2009, il produit aujourd'hui Mes meilleures amies en utilisant la même recette. A l'instar d'Adam Sandler dans le film précité, Kristen Wiig incarne ainsi une femme truculente à l'âge assez équivoque qui vit une existence moisie et qui va devoir apprendre à aimer.
Qu'on se le dise, ce film est une histoire de filles pour filles ! Surtout, que ceux qui pensent naïvement que les filles ne dégagent que des odeurs de rose, qu'elles sont douces, délicates, innocentes et profondes passent leur chemin à toute vitesse ! Annie et ses copines piaillent, vomissent, se défèquent dessus même au milieu de la rue, et se livrent à mille autres réjouissances du genre. Un vrai « tue-l'
amour » ! Pour Annie Mumolo, productrice qui joue un rôle secondaire dans le film, « Nous avons bien sûr embelli ces anecdotes avec l’idée d’en tirer une comédie caustique, forte en gueule, montrant comment les femmes se conduisent entre elles. Un film où elles ne seraient pas toujours à leur avantage, pas toujours bien coiffées, pas toujours bien maquillées, et où il leur arriverait quantité de mésaventures. »
Les conversations entre filles sont volontairement rendues très crues dans un souci de réalisme qui ne fait pas vraiment honneur à la gente féminine !
Mais poursuivons notre histoire... Quelques jours avant le mariage de Lilian, son amie d'enfance, celle-ci lui confie la gestion de son mariage avec l'aide des autres demoiselles d'honneur. Elle va alors
faire la connaissance d'Helen, une femme belle, gentille, riche, qui organise des mariages princiers comme elle respire et qui (quelle horreur !) fait aussi partie des meilleures amies de Lilan. Grrrr ! Rien qu'en lisant ça, je suis sûr que vous ne pensez déjà qu'à la griffer et à lui tirer les cheveux ! Non ? Alors c'est que vous n'êtes pas fait(e) pour cette comédie qui tourne autour de ce thème de la rivalité entre amies presque jusqu'au générique.
Non seulement les deux filles ne s'apprécient guère et parviennent à se contredire sur le moindre sujet (à ce propos on notera un débat intéressant sur l'évolution des personnes, digne des échanges entre parmédiens et héraclitiens), mais de plus, quoique fasse Annie, Helen fait mieux. De plus Lilian a l'air d'apprécier ses attentions, ce qui fait enrager Annie au plus haut point ! Le film ayant laissé une large place à l'improvisation, le jeu des
actrices gagne en authenticité. On sait que, dans la réalité, les relations à trois sont très compliquées : elles exigent de chacune des parties que chacun voie l'autre comme un bien « honnête, » selon les termes d'Aristote (cf. notre fiche sur l'amitié au cinéma). Mais en l'occurrence c'est tout le contraire. Comme Helen d'ailleurs, Annie ne songe qu'à arracher l'exclusivité de l'affection. Elle veut être la préférée, la plus grande confidente, comme si le simple fait que Lilian se marie n'allait pas par nature détrôner cette relation privilégiée.
Pour ne rien arranger, Annie chavire dans des situations bien complexes. Elle sert de véritable jouet sexuel à un gros
abruti plein d'argent, vit assez mal la faillite de sa pâtisserie, ne supporte pas sa mère, chez qui elle doit finalement emménager parce qu'elle a été chassée de sa collocation, finit par être licenciée de son travail parce qu'elle est trop gaffeuse avec ses clients, ne parvient à entamer de relation stable avec personne, et passe son temps à se lamenter sur son sort. Elle est pourtant assez pétillante et drôle mais cette incapacité à gérer sa vie est dramatique.
On se doute qu'à la fin de cette très académique comédie américaine, tout finit par s'arranger, mais le plus amusant de l'histoire, c'est que ce n'est pas pour cette raison que ses relations avec Lilian s'arrangent (euh oui ! Elle se dégradent très sérieusement dans le film, surtout quand elle insulte Helen devant les invités, saccage le cookie, tente de renverser la fontaine de chocolat et hurle sur Lilian pendant la petite fête qui précède le mariage...).
Si les relations s'arrangent, c'est qu'Annie découvre finalement qu'elle est effectivement la meilleure amie de Lilian. Son animosité pour Helen s'estompe et tout ce petit monde finit par rouler harmonieusement.
Bien sûr il y a bien un couplet de Lilian qui crie à Annie qu'elle ne pense qu'à elle, et un passage ou Morgan, la très vulgaire copine de Lilian, entreprend de lui faire faire du catch féminin pour la rendre attentive aux autres (moi non plus je ne vois pas le rapport : elle lui raconte qu'il faut se battre contre la vie comme dans un combat de catch... bon... d'accord...), mais en définitive aucun élément scénaristique ne vient prouver qu'elle ait véritablement compris son égoïsme à l'égard de son amie.
En revanche, ce qu'elle comprend à peu près, c'est son problème
dans les relations sentimentales. Alors qu'un jeune policier essaie de la faire renouer avec sa passion, la pâtisserie, et lui sert de confident, elle va sans cesse s'ingénier à ruiner tout début de relation (ce qui ne l'empêchera pas, bien sûr, de se livrer à une bonne partie de jambes en l'air, éternel paradoxe des relations modernes). Elle finira par comprendre que le problème vient d'elle.
Dommage donc que cette comédie se vautre à corps perdu dans la vulgarité. On aurait peut-être pu en tirer quelque chose.
Judd Apatow se spécialiserait-il dans la création de comédies douteuses? Après la sortie de Funny People qu'il a réalisé lui-même en 2009, il produit aujourd'hui Mes meilleures amies en utilisant la même recette. A l'instar d'Adam Sandler dans le film précité, Kristen Wiig incarne ainsi une femme truculente à l'âge assez équivoque qui vit une existence moisie et qui va devoir apprendre à aimer.
Qu'on se le dise, ce film est une histoire de filles pour filles ! Surtout, que ceux qui pensent naïvement que les filles ne dégagent que des odeurs de rose, qu'elles sont douces, délicates, innocentes et profondes passent leur chemin à toute vitesse ! Annie et ses copines piaillent, vomissent, se défèquent dessus même au milieu de la rue, et se livrent à mille autres réjouissances du genre. Un vrai « tue-l'
amour » ! Pour Annie Mumolo, productrice qui joue un rôle secondaire dans le film, « Nous avons bien sûr embelli ces anecdotes avec l’idée d’en tirer une comédie caustique, forte en gueule, montrant comment les femmes se conduisent entre elles. Un film où elles ne seraient pas toujours à leur avantage, pas toujours bien coiffées, pas toujours bien maquillées, et où il leur arriverait quantité de mésaventures. »
Les conversations entre filles sont volontairement rendues très crues dans un souci de réalisme qui ne fait pas vraiment honneur à la gente féminine !
Mais poursuivons notre histoire... Quelques jours avant le mariage de Lilian, son amie d'enfance, celle-ci lui confie la gestion de son mariage avec l'aide des autres demoiselles d'honneur. Elle va alors
faire la connaissance d'Helen, une femme belle, gentille, riche, qui organise des mariages princiers comme elle respire et qui (quelle horreur !) fait aussi partie des meilleures amies de Lilan. Grrrr ! Rien qu'en lisant ça, je suis sûr que vous ne pensez déjà qu'à la griffer et à lui tirer les cheveux ! Non ? Alors c'est que vous n'êtes pas fait(e) pour cette comédie qui tourne autour de ce thème de la rivalité entre amies presque jusqu'au générique.
Non seulement les deux filles ne s'apprécient guère et parviennent à se contredire sur le moindre sujet (à ce propos on notera un débat intéressant sur l'évolution des personnes, digne des échanges entre parmédiens et héraclitiens), mais de plus, quoique fasse Annie, Helen fait mieux. De plus Lilian a l'air d'apprécier ses attentions, ce qui fait enrager Annie au plus haut point ! Le film ayant laissé une large place à l'improvisation, le jeu des
actrices gagne en authenticité. On sait que, dans la réalité, les relations à trois sont très compliquées : elles exigent de chacune des parties que chacun voie l'autre comme un bien « honnête, » selon les termes d'Aristote (cf. notre fiche sur l'amitié au cinéma). Mais en l'occurrence c'est tout le contraire. Comme Helen d'ailleurs, Annie ne songe qu'à arracher l'exclusivité de l'affection. Elle veut être la préférée, la plus grande confidente, comme si le simple fait que Lilian se marie n'allait pas par nature détrôner cette relation privilégiée.
Pour ne rien arranger, Annie chavire dans des situations bien complexes. Elle sert de véritable jouet sexuel à un gros
abruti plein d'argent, vit assez mal la faillite de sa pâtisserie, ne supporte pas sa mère, chez qui elle doit finalement emménager parce qu'elle a été chassée de sa collocation, finit par être licenciée de son travail parce qu'elle est trop gaffeuse avec ses clients, ne parvient à entamer de relation stable avec personne, et passe son temps à se lamenter sur son sort. Elle est pourtant assez pétillante et drôle mais cette incapacité à gérer sa vie est dramatique.
On se doute qu'à la fin de cette très académique comédie américaine, tout finit par s'arranger, mais le plus amusant de l'histoire, c'est que ce n'est pas pour cette raison que ses relations avec Lilian s'arrangent (euh oui ! Elle se dégradent très sérieusement dans le film, surtout quand elle insulte Helen devant les invités, saccage le cookie, tente de renverser la fontaine de chocolat et hurle sur Lilian pendant la petite fête qui précède le mariage...).
Si les relations s'arrangent, c'est qu'Annie découvre finalement qu'elle est effectivement la meilleure amie de Lilian. Son animosité pour Helen s'estompe et tout ce petit monde finit par rouler harmonieusement.
Bien sûr il y a bien un couplet de Lilian qui crie à Annie qu'elle ne pense qu'à elle, et un passage ou Morgan, la très vulgaire copine de Lilian, entreprend de lui faire faire du catch féminin pour la rendre attentive aux autres (moi non plus je ne vois pas le rapport : elle lui raconte qu'il faut se battre contre la vie comme dans un combat de catch... bon... d'accord...), mais en définitive aucun élément scénaristique ne vient prouver qu'elle ait véritablement compris son égoïsme à l'égard de son amie.
En revanche, ce qu'elle comprend à peu près, c'est son problème
dans les relations sentimentales. Alors qu'un jeune policier essaie de la faire renouer avec sa passion, la pâtisserie, et lui sert de confident, elle va sans cesse s'ingénier à ruiner tout début de relation (ce qui ne l'empêchera pas, bien sûr, de se livrer à une bonne partie de jambes en l'air, éternel paradoxe des relations modernes). Elle finira par comprendre que le problème vient d'elle.
Dommage donc que cette comédie se vautre à corps perdu dans la vulgarité. On aurait peut-être pu en tirer quelque chose.