Mon pote

Film : Mon pote (2010)

Réalisateur : Marc Esposito

Acteurs : Edouard Baer (Victor), Benoît Magimel (Bruno), Atmen Kélif (Sami), Léonie Simaga (Anna), .

Durée : 01:45:00


Un film réaliste et bien interprété sur la bourgeoisie et les difficultés de l'insertion professionnelle des détenus.

Mon pote retrace l'histoire d'une amitié entre deux hommes issus d'univers différents.

Victor, interprété par un Edouard Baer au
mieux de sa forme, dirige une PME. Sans être riche, il est néanmoins heureux et gère au jour le jour ses clients, ses fournisseurs... et les impôts.

Bruno, joué par Benoît Magimel, n'a jamais connu l'amour. Orphelin, il a grandit de foyer en foyer, puis de centres en familles d'accueil. Il veut raccrocher, regrette ses choix et en particulier ceux qui l'ont mené à la prison, qui l'ont séparé de sa femme et de son fils pendant plusieurs années.

Les difficultés vécues par un ancien taulard qui veut raccrocher sont toutes peintes avec grande précision : le patron qui, sans être pour autant méchant, se demande s'il a bien fait d'embaucher un homme dont il ignore le passé ;
les centaines d'occasions journalières qui tentent de le refaire plonger ; les « bons » plans des copains, jamais honnêtes, toujours faciles et très juteux...

Petit à petit les deux hommes vont apprendre à se connaître dans un film qui n'est pas ennuyeux pour qui aime suivre l'évolution d'une relation humaine magnifiquement décrite. Le jeu des acteurs est remarquablement sincère et le contexte, comme l'administration pénitentiaire par exemple, est finement analysé. Plaçons un petit bémol sur la relation entre codétenus, un peu trop idéale pour être réaliste.

Agathe, la femme de Victor, est magnifiquement interprétée par Diane Bonnot. Elle soutient son mari dans
les difficultés et l'accompagne dans ses choix, ce qui en fait une épouse particulièrement sympathique.

Alors que Victor est très à cheval sur l'honnêteté, ce qui ne l'empêche pas d'être assez souple avec ses impôts, il finira par devenir voyou, ce qui ne joue pas en faveur de l'éthique. Obligé de participer à un casse pour sauver son nouvel ami, il finira par aimer le danger de ce type d'activité, et le film laisse une porte ouverte à de nouveaux casses. Ce qu'il est en revanche intéressant de constater, c'est que Victor n'est finalement honnête que par peur de se faire prendre, ce qui lui construit une morale d'interdits qui ne repose pas sur les grands principes de l'épanouissement de l'homme et le respect du bien commun.

Bruno est un bon petit gars, dans le fond, que les règles éthiques n'étouffent pas. Son personnage semble créé pour expliquer au public que les prisonniers ne sont pas tous des fous dangereux, voire qu'ils sont comme tout un chacun. Il est sympathique, mais il ne faut pas l'embêter. Il est tolérant, mais il ne faut pas exagérer. Pour un peu, on pourrait croire qu'il fait des casses comme on marche dans une crotte de chien, comme ça, par hasard. Il est donc séduisant et ne manquera pas de séduire les jeunes en mal de vanité comblée. Dans son quartier il est d'ailleurs reconnu et respecté pour ce qu'il fait de mal.

Alors que Victor se laisse aller à la malhonnêteté, Bruno est quant à lui la clé du problème. Son ami a les huissiers aux fesses, et lui doit changer d'air. Rien de tel qu'un
bon petit casse pour renflouer les cales. Et le film se clôt sur le succès de cette opération.

Chacun aura appris de l'autre. Le prisonnier aura appris à se stabiliser, tandis que le bourgeois a compris comment pimenter sa vie.

Tout cela est bien sympathique, à défaut d'être moral !