Next est tiré de la nouvelle L’Homme dor
>é
, de Philip K. Dick, le célèbre auteur de science-fiction. Le projet est né d’une rencontre et d’un travail commun entre Jason Koornick, cr
style="font-size: small" class="Apple-style-span">éateur et animateur du site Internet officiel de Philip K. Dick, et Gary Goldman, scénariste et réalisateur. Le choix de cette histoire tient en l’intérêt de Goldman pour ce pouvoir divinatoire dont dispose le héros, puissant mais dont l’effet est limité à deux minutes. Ainsi, à la manière d
class="Apple-style-span">’un jeu vidéo, « Cris peut mener – ou jouer – sa vie en prenant le risque de se faire tuer. Il remonte alors le temps, rejoue la partie encore et encore, jusqu’au moment où il parvient à rétablir la situation
font>…», développe le scénariste. Celui-ci a toutefois pris la libert
font>é d’ancrer le récit dans le présent, alors que la nouvelle se déroule originellement dans le futur. Ce choix est en soi critiquable puisqu’il occulte une grande partie de l
span>’originalité de la nouvelle de l’auteur et force le sc
font>énario à se couler dans un moule esthétique désuet (celui de la Californie des années 1990 et des films d’anticipations américains de l’époque). La scène d
>’incarcération du héros emprunte ainsi à une esthétique rétro, du genre d’
font>Orange mécanique de Kubrick ; la scène finale se dé
face="Cambo, arial, helvetica, sans-serif" class="Apple-style-span">roulant dans un hangar désert rappel Terminator tandis que la musique est tout aussi vieillotte.
>Tout le film, plan par plan, s
équence par séquence, tourne autour de l’idée du temps. Montages en cut (
soulignant la tension) alternant les plans sur l’horloge et sur la porte du restaurant d’où arrivera la femme qui trouble tant Cris, cascades filmées en ralenti, en plan large, comme si l’action se suspendait hors celle de Cris Johnson, mouvements de caméra parfois déroutants illustrant le sixième sens du super-héros (qui occupe de fa
font>çon centrale la pellicule, comme pour souligner ses talents exceptionnels et l’immense solitude qui en découle). Le spectaculaire se base sur la narration des répé
font>titions de situation et de mouvements, caractérisant l’exploration par Cris Johnson des multiples possibilités que lui présente son don de voyance (la démultiplication de Cris, dans le repaire des terroristes…). L’ensemble, sobre, plutôt statique (à l
font>’opposé de l’action hachée de nombreux films de super-héros) provoque toutefois la d
font>ésagréable impression d’être un simple tiers au film, qui a du mal à entraîner pour son
compte les émotions des spectateurs et refuse la participation de ce dernier en lui imposant un point de vue distant.Next semble de fait
à côté
face="Cambo, arial, helvetica, sans-serif" class="Apple-style-span"> de son sujet. Les soupçons qui pesaient sur le film pour les raisons esthétiques précédemment abordé
font>es se confirment au regard d’un jeu d’acteurs mal à l’aise dans les rô
font>les de personnages sans réel charisme. Cris Johnson, sûr de lui du fait de ses dons, s’attend à tout et ne s’étonne de rien : il en devient inexpressif, voire agaçant tant ses capacités tuent tout suspense et rendent le propos décousu. Le personnage joué par Jessica
Bien est sous-exploité, dans un rôle sans profondeur de lolita crédule ; son absence passe inaperçue et son amourette avec Cris Johnson est une tentative inefficace pour dé
font>velopper l’intrigue (dont elle est en principe un des pivots), puisque la scène finale la condamne à rester hors-champ pour simplifier les affaires du prestidigitateur. Julianne Moore reste décevante, elle n’arrive pas à s’affranchir d’un rôle de femme polici
font>ère très masculine, aussi aimable qu’une porte de prison, meneuse d’hommes sans scrupule qui n’apporte pas au film la profondeur et le charisme dont d’ordinaire elle est capable. Next souffre aussi d’une distribution du savoir maladroite : toutes les clés de l’
font>intrigue sont données trop rapidement au spectateur comme aux protagonistes et l’effet de surprise finale tombe à l’eau puisque narrativement il saborde les trois quarts du d
font>éroulement du film en opérant un retour à la réalité inattendu certes, mais sans effet d
font>’annonce ni précaution d’aucune sorte.
Next pose l’épineuse question de l
font>’avenir, de sa réalisation et de sa maîtrise par les hommes. Le film démontre combien il est illusoire de chercher à
class="Apple-style-span"> le changer sans dommage majeur, et semble porter un regard pessimiste sur le futur en l’envisageant comme une fatalité destructrice. Le dénouement est ainsi défavorable aux protagonistes malgré les efforts et les dons de Cris Johnson, qui cherche à sauver Liz autant que les habitants de Los Angeles menacés par les terroristes. Cette question de l’avenir, traitée avec fatalisme comme souvent dans le cinéma américain (sur le ton du déterminisme notamment), entraîne par corollaire celle de la réalisation de l’homme dans le temps et de ses capacités à prendre en main sa destinée. Le formidable combat de Cris contre une fatalité inexorable (on ne connaîtra jamais le résultat réel de ses efforts…) est une métaphore de l’impuissance des hommes ordinaires à exister au-delà d’une réalité qu’ils subissent plus qu’ils la vivent. Cette thématique cousue de fil blanc s’épargne un peu trop facilement une réflexion profonde sur le rôle que joue l’homme dans son auto-réalisation. S’il est vrai qu’il existe une puissance surnaturelle, divine, qui, existant au-delà du temps, agit sur notre existence de façon providentielle, il n’est pas juste d’écarter de façon simpliste l’action de l’homme sur son avenir et notamment son libre-arbitre en toute situation.
Loin de subir son avenir, l’homme ne se bat pas non plus contre lui (ce que fait constamment notre super héros, avec une violence digne des films d’action hollywoodiens), mais y collabore largement. Lui seul donne à son action l’impulsion décisive, guidé en cela par sa religion, son expérience, son éducation, ses proches
face="Cambo, arial, helvetica, sans-serif" class="Apple-style-span">…Nul besoin d’être donc un super héro pour prendre en main son existence future.
NB : citations tirées des notes de production.
Stéphane JOURDAIN
Next est tiré de la nouvelle L’Homme dor >é
, de Philip K. Dick, le célèbre auteur de science-fiction. Le projet est né d’une rencontre et d’un travail commun entre Jason Koornick, cr style="font-size: small" class="Apple-style-span">éateur et animateur du site Internet officiel de Philip K. Dick, et Gary Goldman, scénariste et réalisateur. Le choix de cette histoire tient en l’intérêt de Goldman pour ce pouvoir divinatoire dont dispose le héros, puissant mais dont l’effet est limité à deux minutes. Ainsi, à la manière d class="Apple-style-span">’un jeu vidéo, « Cris peut mener – ou jouer – sa vie en prenant le risque de se faire tuer. Il remonte alors le temps, rejoue la partie encore et encore, jusqu’au moment où il parvient à rétablir la situationfont>…», développe le scénariste. Celui-ci a toutefois pris la libert
font>é d’ancrer le récit dans le présent, alors que la nouvelle se déroule originellement dans le futur. Ce choix est en soi critiquable puisqu’il occulte une grande partie de l
span>’originalité de la nouvelle de l’auteur et force le sc
font>énario à se couler dans un moule esthétique désuet (celui de la Californie des années 1990 et des films d’anticipations américains de l’époque). La scène d >’incarcération du héros emprunte ainsi à une esthétique rétro, du genre d’
font>Orange mécanique de Kubrick ; la scène finale se dé face="Cambo, arial, helvetica, sans-serif" class="Apple-style-span">roulant dans un hangar désert rappel Terminator tandis que la musique est tout aussi vieillotte.
>Tout le film, plan par plan, s
équence par séquence, tourne autour de l’idée du temps. Montages en cut (soulignant la tension) alternant les plans sur l’horloge et sur la porte du restaurant d’où arrivera la femme qui trouble tant Cris, cascades filmées en ralenti, en plan large, comme si l’action se suspendait hors celle de Cris Johnson, mouvements de caméra parfois déroutants illustrant le sixième sens du super-héros (qui occupe de fa
font>çon centrale la pellicule, comme pour souligner ses talents exceptionnels et l’immense solitude qui en découle). Le spectaculaire se base sur la narration des répé
font>titions de situation et de mouvements, caractérisant l’exploration par Cris Johnson des multiples possibilités que lui présente son don de voyance (la démultiplication de Cris, dans le repaire des terroristes…). L’ensemble, sobre, plutôt statique (à l
font>’opposé de l’action hachée de nombreux films de super-héros) provoque toutefois la d
font>ésagréable impression d’être un simple tiers au film, qui a du mal à entraîner pour son
compte les émotions des spectateurs et refuse la participation de ce dernier en lui imposant un point de vue distant.Next semble de fait
font>es se confirment au regard d’un jeu d’acteurs mal à l’aise dans les rô
font>les de personnages sans réel charisme. Cris Johnson, sûr de lui du fait de ses dons, s’attend à tout et ne s’étonne de rien : il en devient inexpressif, voire agaçant tant ses capacités tuent tout suspense et rendent le propos décousu. Le personnage joué par Jessica
Bien est sous-exploité, dans un rôle sans profondeur de lolita crédule ; son absence passe inaperçue et son amourette avec Cris Johnson est une tentative inefficace pour dé
font>velopper l’intrigue (dont elle est en principe un des pivots), puisque la scène finale la condamne à rester hors-champ pour simplifier les affaires du prestidigitateur. Julianne Moore reste décevante, elle n’arrive pas à s’affranchir d’un rôle de femme polici
font>ère très masculine, aussi aimable qu’une porte de prison, meneuse d’hommes sans scrupule qui n’apporte pas au film la profondeur et le charisme dont d’ordinaire elle est capable. Next souffre aussi d’une distribution du savoir maladroite : toutes les clés de l’
font>intrigue sont données trop rapidement au spectateur comme aux protagonistes et l’effet de surprise finale tombe à l’eau puisque narrativement il saborde les trois quarts du d
font>éroulement du film en opérant un retour à la réalité inattendu certes, mais sans effet d
font>’annonce ni précaution d’aucune sorte. Next pose l’épineuse question de l
font>’avenir, de sa réalisation et de sa maîtrise par les hommes. Le film démontre combien il est illusoire de chercher à class="Apple-style-span"> le changer sans dommage majeur, et semble porter un regard pessimiste sur le futur en l’envisageant comme une fatalité destructrice. Le dénouement est ainsi défavorable aux protagonistes malgré les efforts et les dons de Cris Johnson, qui cherche à sauver Liz autant que les habitants de Los Angeles menacés par les terroristes. Cette question de l’avenir, traitée avec fatalisme comme souvent dans le cinéma américain (sur le ton du déterminisme notamment), entraîne par corollaire celle de la réalisation de l’homme dans le temps et de ses capacités à prendre en main sa destinée. Le formidable combat de Cris contre une fatalité inexorable (on ne connaîtra jamais le résultat réel de ses efforts…) est une métaphore de l’impuissance des hommes ordinaires à exister au-delà d’une réalité qu’ils subissent plus qu’ils la vivent. Cette thématique cousue de fil blanc s’épargne un peu trop facilement une réflexion profonde sur le rôle que joue l’homme dans son auto-réalisation. S’il est vrai qu’il existe une puissance surnaturelle, divine, qui, existant au-delà du temps, agit sur notre existence de façon providentielle, il n’est pas juste d’écarter de façon simpliste l’action de l’homme sur son avenir et notamment son libre-arbitre en toute situation.
Loin de subir son avenir, l’homme ne se bat pas non plus contre lui (ce que fait constamment notre super héros, avec une violence digne des films d’action hollywoodiens), mais y collabore largement. Lui seul donne à son action l’impulsion décisive, guidé en cela par sa religion, son expérience, son éducation, ses proches face="Cambo, arial, helvetica, sans-serif" class="Apple-style-span">…Nul besoin d’être donc un super héro pour prendre en main son existence future.
NB : citations tirées des notes de production.