Next

Film : Next (2007)

Réalisateur : Lee Tamahori

Acteurs : Nicolas Cage (Cris Johnson), Julianne Moore (Callie Ferris), Jessica Biel (Liz Cooper)

Durée : 01:36:00



Next est tiré de la nouvelle LHomme dor >é

, de Philip K. Dick, le célèbre auteur de science-fiction. Le projet est né dune rencontre et dun travail commun entre Jason Koornick, cr style="font-size: small" class="Apple-style-span">éateur et animateur du site Internet officiel de Philip K. Dick, et Gary Goldman, scénariste et réalisateur. Le choix de cette histoire tient en lintérêt de Goldman pour ce pouvoir divinatoire dont dispose le héros, puissant mais dont leffet est limité à deux minutes. Ainsi, à la manière d class="Apple-style-span">’un jeu vidéo, « Cris peut mener ou jouer sa vie en prenant le risque de se faire tuer. Il remonte alors le temps, rejoue la partie encore et encore, jusquau moment où il parvient à rétablir la situation
font>…»
, développe le scénariste. Celui-ci a toutefois pris la libert
font>é dancrer le récit dans le présent, alors que la nouvelle se déroule originellement dans le futur. Ce choix est en soi critiquable puisquil occulte une grande partie de l
span>
originalité de la nouvelle de lauteur et force le sc
font>énario à se couler dans un moule esthétique désuet (celui de la Californie des années 1990 et des films danticipations américains de l’époque). La scène d >
incarcération du héros emprunte ainsi à une esthétique rétro, du genre d
font>Orange mécanique de Kubrick ; la scène finale se dé face="Cambo, arial, helvetica, sans-serif" class="Apple-style-span">roulant dans un hangar d
ésert rappel Terminator tandis que la musique est tout aussi vieillotte.



>Tout le film, plan par plan, s

équence par séquence, tourne autour de lidée du temps. Montages en cut (
soulignant la tension) alternant les plans sur l
horloge et sur la porte du restaurant doù arrivera la femme qui trouble tant Cris, cascades filmées en ralenti, en plan large, comme si laction se suspendait hors celle de Cris Johnson, mouvements de caméra parfois déroutants illustrant le sixième sens du super-héros (qui occupe de fa
font>çon centrale la pellicule, comme pour souligner ses talents exceptionnels et limmense solitude qui en découle). Le spectaculaire se base sur la narration des répé
font>titions de situation et de mouvements, caractérisant lexploration par Cris Johnson des multiples possibilités que lui présente son don de voyance (la démultiplication de Cris, dans le repaire des terroristes). Lensemble, sobre, plutôt statique (à l
font>opposé de laction hachée de nombreux films de super-héros) provoque toutefois la d
font>ésagréable impression d’être un simple tiers au film, qui a du mal à entraîner pour son
compte les
émotions des spectateurs et refuse la participation de ce dernier en lui imposant un point de vue distant.Next semble de fait
à côté face="Cambo, arial, helvetica, sans-serif" class="Apple-style-span"> de son sujet. Les soupçons qui pesaient sur le film pour les raisons esthétiques précédemment abordé
font>es se confirment au regard dun jeu dacteurs mal à laise dans les rô
font>les de personnages sans réel charisme. Cris Johnson, sûr de lui du fait de ses dons, sattend à tout et ne s’étonne de rien : il en devient inexpressif, voire agaçant tant ses capacités tuent tout suspense et rendent le propos décousu. Le personnage joué par Jessica
Bien est sous-exploit
é, dans un rôle sans profondeur de lolita crédule ; son absence passe inaperçue et son amourette avec Cris Johnson est une tentative inefficace pour dé
font>
velopper lintrigue (dont elle est en principe un des pivots), puisque la scène finale la condamne à rester hors-champ pour simplifier les affaires du prestidigitateur. Julianne Moore reste décevante, elle narrive pas à saffranchir dun rôle de femme polici
font>
ère très masculine, aussi aimable quune porte de prison, meneuse dhommes sans scrupule qui napporte pas au film la profondeur et le charisme dont dordinaire elle est capable. Next souffre aussi dune distribution du savoir maladroite : toutes les clés de l
font>intrigue sont données trop rapidement au spectateur comme aux protagonistes et leffet de surprise finale tombe à leau puisque narrativement il saborde les trois quarts du d
font>éroulement du film en opérant un retour à la réalité inattendu certes, mais sans effet d
font>
annonce ni précaution daucune sorte.

Next pose l’épineuse question de l
font>avenir, de sa réalisation et de sa maîtrise par les hommes. Le film démontre combien il est illusoire de chercher à class="Apple-style-span"> le changer sans dommage majeur, et semble porter un regard pessimiste sur le futur en l
envisageant comme une fatalité destructrice. Le dénouement est ainsi défavorable aux protagonistes malgré les efforts et les dons de Cris Johnson, qui cherche à sauver Liz autant que les habitants de Los Angeles menacés par les terroristes. Cette question de lavenir, traitée avec fatalisme comme souvent dans le cinéma américain (sur le ton du déterminisme notamment), entraîne par corollaire celle de la réalisation de lhomme dans le temps et de ses capacités à prendre en main sa destinée. Le formidable combat de Cris contre une fatalité inexorable (on ne connaîtra jamais le résultat réel de ses efforts) est une métaphore de limpuissance des hommes ordinaires à exister au-delà dune réalité quils subissent plus quils la vivent. Cette thématique cousue de fil blanc s’épargne un peu trop facilement une réflexion profonde sur le rôle que joue lhomme dans son auto-réalisation. Sil est vrai quil existe une puissance surnaturelle, divine, qui, existant au-delà du temps, agit sur notre existence de façon providentielle, il nest pas juste d’écarter de façon simpliste laction de lhomme sur son avenir et notamment son libre-arbitre en toute situation.
Loin de subir son avenir, l
homme ne se bat pas non plus contre lui (ce que fait constamment notre super héros, avec une violence digne des films daction hollywoodiens), mais y collabore largement. Lui seul donne à son action limpulsion décisive, guidé en cela par sa religion, son expérience, son éducation, ses proches face="Cambo, arial, helvetica, sans-serif" class="Apple-style-span">…
Nul besoin d’être donc un super héro pour prendre en main son existence future.


NB : citations tirées des notes de production.


Stéphane JOURDAIN