No Escape

Film : No Escape (2015)

Réalisateur : John Erick Dowdle

Acteurs : Owen Wilson (Jack Dwyer), Pierce Brosnan (Hammond), Lake Bell (Annie Dwyer), Sterling Jerins (Lucy Dwyer)

Durée : 01:43:00


On n’était pas habitués à tester les capacités d’auto-défense d’Owen Wilson, acteur blond intello et rêveur plutôt adepte des films romantiques de Woody Allen du style Midnight in Paris (2011). Dans No Escape, il endosse pourtant le même costume au départ, celui d’un papa bisounours complètement mielleux avec sa femme et gaga de ses deux petites filles. La bonne idée du scénario est de confronter ce type lambda, sans gabarit particulier, qui n’a jamais fait la moindre cascade dans sa vie, à une situation devenant totalement ubuesque. Et cela marche.

Expatrié dans un pays asiatique en compagnie de sa famille pour mener sa petite vie pépère d’ingénieur en hydro-électricité bien rémunéré, il va se retrouver dans un pays brutalement coupé du reste du monde, de toute source d’informations, et en proie à une révolution extrêmement violente s’en prenant notamment aux compagnies occidentales.

L’histoire du film est donc celle d’une course-poursuite infernale dans laquelle un homme dépourvu de tout entraînement dans ce type de situation et responsable de sa petite famille va tenter d’échapper aux fourches caudines de rebelles complètement décérébrés et galvanisés par leur délire révolutionnaire collectif. On retrouve ici la même hypertension que dans Le dernier Roi d’Ecosse (2006), où un jeune docteur écossais tentait de se soustraire à l’hystérie démentielle d’un dictateur africain… en y laissant la moitié de sa peau.

Les personnes cardiaques devraient éviter ce film dans la même veine que le dernier Gunman, à cause de sa violence, bien entendu, mais aussi de l’atmosphère très inquiétante que génèrent les obstacles toujours plus difficiles à franchir pour notre modeste ingénieur. Heureusement, Pierce Brosnan arrive en chemin et détend la situation avec quelques pointes d’humour qui lui sont chères. Investi dans le rôle d’un mystérieux agent secret, il prouve une nouvelle fois après The November Man (2014) qu’il n’a pas fini de regretter son éviction précoce de la saga James Bond.

Globalement, le film exalte particulièrement la vertu de courage de ce père de famille, mais aussi de sa femme. Les deux gamines jouent incroyablement bien. On salue la belle direction d’acteur de John Erick Dowdle. Côté réalisation justement, pour une fois, l’utilisation (bien faite) de la caméra épaule suivant les protagonistes est totalement justifiée et ajoute à l’effet de réalisme recherché, dans un style très proche des jeux vidéos comme Call of Duty ou Far Cry, où la menace est omni-directionnelle et l’action quasiment en temps réel.

Le film montre le peu de résilience, c’est-à-dire le peu de capacité d’adaptation à une situation de crise, à laquelle peuvent être confrontés les Occidentaux endormis dans leur confort. Chacun a peu de mal à se reconnaître dans le personnage d’Owen Wilson, lorsqu’acculé sur le toit d’un immeuble, il va essayer de sauter avec ses filles sur le bâtiment d’en face, dévasté par la frousse !

On regrettera la fin légèrement expédiée de cette poursuite où le réalisateur, focalisé sur le sort de ses victimes, oublie d’expliquer pourquoi la situation politique a dégénéré dans le pays… Mais le titre lui-même « No escape » ne promettait pas d’issue favorable à la compréhension de la chose !