Nos étoiles contraires

Film : Nos étoiles contraires (2014)

Réalisateur : Josh Boone

Acteurs : Shailene Woodley (Hazel Grace Lancaster), Ansel Elgort (Augustus Waters), Nat Wolff (Isaac), Willem Dafoe (Peter Van Houten),

Durée : 02:05:00


Les mélodrames, on aime, ou on n'aime pas. N'en déplaise aux guignols qui veulent faire croire que virilité et féminité sont identiques, la salle de cinéma est remplie de femmes venues vibrer sur la belle histoire de deux malades graves, nourrissant un amour fou.

Les bourrins comme moi penseront certainement que nous avons suffisamment de misères autour de nous pour ne pas avoir besoin d'en chercher dans les salles, mais je comprends qu'on recherche autre chose que des films d'action hystériques.

Adaptation du roman éponyme (paru en 2012) de John Green (chrétien qui a voulu écrire à partir de cas qu'il a connus dans un hôpital en tant qu'élève aumônier), celle-ci nous replace en effet dans un contexte où la mort, invitée, peut frapper à n'importe quel moment. De ce point de vue le monde prend une autre couleur. Plus de futilités, d'ambitions blessantes, de paroles stériles, de superficialité : à ce moment-là, seul l'essentiel compte, et les questions deviennent soudainement existentielles : y a-t-il une vie après la mort ? À quoi sert d'aimer quand on ne peut rien construire de durable ? La mort fait-elle tomber dans l'oubli ?

Autant d'interrogations auxquelles Hazel Grace et Augustus (dont les acteurs étaient déjà à l'affiche ensemble dans Divergente) tenteront de répondre comme ils le peuvent. Cette réponse est parfois macabre. Augustus veut mettre en scène son enterrement, et demande à ses amis d'écrire et de lire ses éloges funèbres. Passages évidemment poignants dans lesquels les cœurs (des personnages et des spectateurs) fusionnent pour « compatir, » aux sens étymologique du terme.

À côté des questions existentielles, on retrouve une vraie profondeur des sentiments, une recherche d'authenticité. Ce qui fit probablement tant pleurer ma jeune voisine de droite, assurément, ce fut le fait qu'Hazel Grace n'ayant pas grand-chose de séduisant extérieurement, Augustus (rendu parfois agaçant par l'acteur Ansel Elgort) a le mérite insigne de dépasser le handicap pour percevoir la beauté de son âme. Au travers des yeux d'Augustus, Hazel se voit différente, et finit par s'apprécier. Il s'agit avant tout d'une histoire d'amour.

Les deux tourtereaux ne sont pas les seuls engagés. Le film s'attarde sur la relation à l'autre, et sur le rapport d'autrui à la maladie, aux travers des personnages des parents d'Hazel Grace, vraie héroïne de l'histoire puisque c'est elle qui raconte en voix off. La mère surtout, posant sans le savoir des mots coupants qui résonneront dans la mémoire de sa fille avec une dureté extrême, mais également l'écrivain Van Houten, remarquablement interprété par Willem Dafoe, dont les propos féroces déchireront les cœurs tendres pour mieux cicatriser les plaies.

Supervisé par John Green lui-même, le scénario est solidement construit.

On pourra être d'accord ou non avec les réflexions et les agissements des personnages, mais on devra reconnaître que ce film essaye avec brio de mettre au grand jour ce que la société actuelle passe sous silence : la beauté intérieure d'un amour qui ne se révèle qu'aux cœurs purs.

Aujourd'hui, l'existence publique des malades et des handicapés se résumant à quelques places prioritaires sur les parkings, on avait besoin de voir autre chose.