Nos souvenirs

Film : Nos souvenirs (2015)

Réalisateur : Gus Van Sant

Acteurs : Matthew McConaughey (Arthur Brennan), Ken Watanabe (Takumi Nakamura), Naomi Watts (Joan Brennan), Katie Aselton (Gabriella Laforte)

Durée : 01:50:00


Arthur écrit et enseigne. Mais sa vie d’intellectuel ne lui donne pas les moyens de subvenir suffisamment aux dépenses de son foyer. Sa femme Joan, qui rembourse leur prêt immobilier, lui reproche sans cesse son insouciance. Mais s’agit-il bien de cela ? Un jour Arthur découvre que sa femme est devenue alcoolique. Peu de temps après, Arthur, en mode Gone Girl (David Fincher, 2014), a disparu au Japon pour suivre un intriguant chemin initiatique au sein de la « Forêt des songes » située au nord de Tokyo. N’y avait-il pas de chemin plus court et plus sécurisé pour revenir à la réalité qu’il refuse de voir ? Égaré dans l’immense forêt d’Aokigahara, Arthur ne sait plus d’où il vient ni quelle vérité il est venu quérir, car il a perdu le fil des événements. Saura-t-il survivre sur le ravin de la mort face à laquelle il s’est laissé mener ?

Désorientation et cheminement spirituel vers la vie

Gus van Sant signe un film réussi injustement dégommé par la critique du Festival de Cannes l’an dernier, au grand déshonneur dudit festival. Le film a beaucoup plus de sens dans sa version anglaise, The Sea of Trees, que dans sa version française bien malheureusement traduite par Nos Souvenirs. Traduction athée pour un long métrage où il n’est pas tant question de « souvenirs » que de présence réelle et de spiritualité. Est-ce Dieu qui nous fait vivre ? Les âmes du purgatoire existent-elles ? Peuvent-elles redonner l’envie de vivre et de se battre pour le bonheur ? Des questions horriblement ennuyeuses pour les petites gargouilles du tapis rouge brandissant leurs fourches caudines… Malgré quelques longueurs, la mer d’arbres de Gus van Sant parvient à jouer sur un montage alterné intriguant, un drame conjugal hésitant, et une photographie en clair-obscur très inspirée. Naomi Watts (Joan) et Matthew McConaughey (Arthur) livrent chacun une des représentations les plus réalistes et les plus difficiles de leur carrière sur un thème spirituel qui, par définition, n’aura jamais fini de déchaîner les enfers. Car au bout du chemin pourrait se trouver une vie que d’aucuns disent… éternelle.