The November Man

Film : The November Man (2014)

Réalisateur : Roger Donaldson

Acteurs :

Durée : 01:48:00


Revoilà Pierce Brosnan avec un flingue ! Lui qui avait incarné James Bond de longes années … Il a fallu attendre que quelques rides et cheveux gris lui permettent de jouer les agents à la retraite pour reprendre du service, sinon, on aurait trop pensé au rôle qui l’a rendu célèbre.
Et force est d’avouer qu’on s’en souvient énormément, finalement : ancien agent, comme ancien James Bond, ancien tueur ultra-efficace, comme ancien James Bond, ancien beau gosse, comme ancien James Bond, etc etc.

Ceci dit, le film cherche, sur la réalisation, le scénario et le caractère dur, pro et froid des personnages, à faire du Jason Bourne : caméra nerveuse, agents concentrés sur leur boulot, impitoyables, pas de gadgets, de cylindrées et autres divertissements à la 007 …

Et en inventant des tueurs à la solde de la CIA, le film fait des emprunts à la trilogie des Jason Bourne. Ce sont des armes n’ayant pas le « permis de tuer » comme dans la saga de Fleming, mais le devoir de tuer. Ils doivent perdre leur liberté la plus élémentaire pour exécuter les ordres. On entrevoit une problématique à la Hannah Arendt, mais elle n’est pas traitée.
L’histoire montre simplement, et on ne peut que le louer à ce sujet, que celui qui préfère et contre tous reprendre cette liberté est récompensé.
Ensuite, les manquements moraux des agences de renseignements, qui sacrifient parfois des destins innocents pour des raisons d’état, sont dénoncés entre les lignes. La fin ne justifie pas les moyens, nous sommes d’accord.

Mais niveau scénario, ça pèche : les incohérences s’enchaînent sur le final, avec des bons points distribués aux uns et les mauvais aux autres, lorsque la réalité l’aurait fait d’une façon totalement contraire. On sent la toute-puissance du scénariste qui bouscule maladroitement la logique des choses. Vous vous mettez toute la CIA à dos, vous ne savez pas manier une rame, vous n’avez aucune expérience de vie cachée, quelle est votre espérance de vie ? Certains personnages devraient en prendre pour le grade, seulement voilà, le générique vient mettre un terme à tout ça…

En face de nos héros, soucieux de la mort des autres mais les tuant quand même sans complexe (faut assumer quoi !), un Poutine à peine déguisé. Les Russes se font encore tacler à propos de la Tchétchénie (il y avait déjà Un homme très recherché, il y a quelques semaines, excellent toutefois), où l’on apprend que décidément, les angelots tchétchènes subissent une véritable Shoah du géant voisin. Le film se rattrape en ne dessinant pas des USA sauveurs, justes et providentiels. On échappe au manichéisme made in USA, c’est déjà ça.

The November Man est un baroud d’honneur de Pierce Brosnan, convaincant (attention : mal doublé, fuyez la VF), charismatique, plus que dans ses rôles à nœud pap d’ailleurs, avec de faux airs de Ray Liotta (le Liotta d’aujourd’hui, hein, pas le minet d’autrefois). L’action est menée tambours battants, mais la tension dramatique demeure simplement divertissante. Vous ne serez pas scotché à votre siège, le souffle coupé, à moins d’avoir 25 de tension et des problèmes respiratoires. Seul regret, le scénario trop simple (notamment la trop grande facilité de notre héros pour franchir les obstacles), sur les enjeux trop grands pour des décors trop petits. Mais pour ça, il fallait mettre plus de pesetas sur la table.