Oliver Twist

Film : Oliver Twist (2004)

Réalisateur : Roman Polanski

Acteurs : Barney Clark (Oliver Twist), Ben Kingsley (Fagin), Jamy Foreman (Bill Sykes), Leanne Rowe (Nancy) et Edward Hardwicke (Monsieur Brownlow)

Durée : 02:05:00


Ce roman de Charles Dickens est adapté par Roman Polanski qui a voulu y rester fidèle. Polanski déclare d’ailleurs : « Le plus dur a été de condenser le
livre en film, il aurait été impossible de filmer tout le livre. Mais nous n’avons pas touché à l’histoire principale ». Ce choix de tourner Oliver Twist lui a été inspiré par ses enfants pour « les séduire, les captiver », comme il le déclare lui-même. Le film est censé se passer à l’époque victorienne et les décors nous aident à nous plonger dans ce qui était une ville très diversifiée, avec ses quartiers aisés avoisinant la misère la plus noire.  Avec ses prises de vues magnifiques sur la campagne et une reconstitution minutieuse de Londres au XIXème siècle, Oliver Twist marque le spectateur par le réalisme qui se dégage du film. Et malgré l’éloignement temporel de cette histoire, il nous reste le sentiment que des aventures semblables pourraient encore exister dans certains villes, réputées pour leur violence et leur « délinquance ».La misère d’Oliver est accentuée par les éléments météorologiques qui sont en accord avec les sentiments ou les actes des personnages. Ainsi, le début du film, où n’
apparaît aucun espoir pour Oliver, est très sombre : les scènes se déroulent à la lueur de chandelles, ce qui éclaire mal, ou bien les actions se passent dans la soirée. Mais lorsque Oliver rencontre Monsieur Brownlow, le film se fait plus clair. Cette lumière pourrait symboliser, en quelque sorte, l’espoir naissant, sans toutefois que le symbolisme soit utilisé de manière récurrente. On pourrait presque parler de film noir, dans le sens où la société est présentée comme corrompue et violente, presque entièrement dominée par la fatalité.Pour rehausser les sentiments des personnages, en plus des jeux de lumière, le réalisateur s’appuie sur la musique. Celle-ci sait se faire triste ou plus gaie, noire ou pleine d’espérance. De même, la musique, tout comme les costumes, aide à camper les personnalités et cela est d’autant plus frappant avec Fagin, le vieux voleur qui fait travailler des enfants pour son compte. Avide d’argent et avare, Fagin est présenté habillé de vieilles hardes avec une voix assez
désagréable.Toutefois, il est regrettable que le film manque d’action et d’émotion. Le film est long ne serait-ce que par la durée, et cette longueur est encore accentuée par des scènes peu entraînantes et laissant demeurer peu de suspens. Quant à l’émotion, seul Oliver inspire véritablement des sentiments aux spectateurs. En effet, les autres personnages, dans l’ensemble, nous laissent indifférents, ou bien si l’on se questionne à leur sujet il n’y a aucun élément de réponse apporté par Roman Polanski.

Le thème le plus marquant du film est celui de l’innocence de Oliver en butte au monde vicié et à la méchanceté humaine. La deuxième personne qui aide Oliver est un petit voleur, qui commet ses délits avec dextérité, ce qui provoque une admiration mal placée. Ce garçon, surnommé justement Grand Coquin, entraîne Oliver dans le repaire de son maître Fagin. Ce Fagin encourage les enfants à développer leurs mauvais penchants et il pousse le vice jusqu’à leur
apprendre à commettre les vols. Que peut alors l’innocence du jeune orphelin devant ce qui lui est présenté comme une bonne chose ?...Heureusement pour Oliver, il est arrêté à la place de deux des petits voleurs. Cela lui permet de faire la connaissance de Monsieur Brownlow qui fait de Oliver son protégé. Cette heureuse chose qui arrive enfin au jeune Oliver survient grâce à sa naïveté et à son air angélique. Et Monsieur Brownlow  n’est pas le seul à être touché par cette enfance intacte, Nancy (qui fait partie de la bande de Fagin) et Fagin lui-même y sont sensibles. Le petit Oliver est le visage de l'innocence dans un monde d'hommes laids et violents.Oliver Twist permet de mettre en avant des valeurs chrétiennes telles que la reconnaissance. On voit Oliver remercier le vieux Fagin de lui avoir donné à manger lorsqu’il avait faim, même si en échange il lui a fallu voler. De même, Monsieur Brownlow fait montre de charité puisqu’il recueille Oliver et met tout en œuvre pour le sortir des mains des
voleurs. Et pour couronner le tout, Oliver pardonne à Fagin le mal qu’il lui a fait, et il le supplie de dire une dernière prière avec lui. A l’inverse, l’égoïsme et l’avarice de Fagin sont dénoncés tout comme la haine et la cruauté de Bill Sykes, complice de Fagin.

Ce film montre avec justesse l’ascendance que les adultes prennent rapidement sur des enfants. Cette ascendance peut être bonne ou mauvaise. Cela incite alors à redoubler de vigilance dans les modèles donnés aux enfants et à leur expliquer ce qui peut être admiré ou ce qui ne doit pas être admiré. Ainsi, l’on peut faire remarquer la Charité de Oliver qui pardonne et qui se soucie de l’âme de Fagin. Il est également nécessaire de dénoncer l’habileté de Grand Coquin, habileté qui lui sert à commettre des vols.