Paperboy joue les films désinhibés, mais démontre, par la complaisance qu'il met dans le sexe et la violence, qu'il ne l'est pas naturellement. Gorges ouvertes, entrailles étalées, mares de sang, scène de masturbation longue et insistante, propos et gestes obscènes... Plus besoin d'être puritain pour lever les yeux au ciel !

Les rôles sont tenus avec précision mais sans classe, l'intrigue est assez molle, quoique le scénario soit acceptable. Au gré du récit, Lee Daniels dénonce quelques lieux communs comme les tensions entre  blancs et noirs, les écervelées amoureuses de prisonniers dangereux, les brutaux locataires de mangrove...

Le prétexte du film, une enquête journalistique sur la condamnation à mort d'un type pas tr& egrave;s recommandable, est traité avec une superficialité étonnante ! Pas d'analyse psychologique, pas de difficulté politique (sauf un passage affligeant avec l'avocat du détenu, qui retire encore un peu de souffle au film), pas de problèmes d'investigation particuliers (excepté s'enfoncer dans des marais inhospitaliers), tout va comme sur des roulettes !

Il faudra donc toutes les compétences du cinéaste pour réussir à sortir quelque chose de cette galère. Il y parvient presque, par l'audace et la sophistication de sa réalisation (appel intéressant aux flashbacks, utilisation intelligente des splits screen, gros plans pour donner quelques accents de thriller, fondus enchaînés originaux). La musique s'en sort également très honorablement.

Faudra-t-il que la brillance technique fasse d'un mauvais film une belle & oelig;uvre ?

Ailleurs peut-être que chez nous...