Toujours plus loin, toujours plus haut ! Cheyenne Carron continue sa carrière malgré les embûches d’un système qui lui refuse toute aide et le résultat est encourageant. Son précédent film, L’Apôtre fut censuré en salle, mais son succès sur internet aura permis à la réalisatrice d’autoproduire Patries. Le projet est donc poursuivi sans grand moyen, mais Cheyenne Carron a su s’entourer d’une équipe volontaire pour le réaliser.
Pour aborder un sujet aussi dangereux que le racisme anti-blanc et l’identité, le parti pris d’une réalisation calme et d’une narration très étalée, sans claquement de portes ni rebondissements incessants, apaise le spectateur et le rend plus réceptif au message de la réalisatrice. La mise en scène, et c’est nouveau chez Cheyenne Carron, est ici soignée et très formelle, comme dans ces scènes de skateboard ou de footing accompagnées de long travellings parfois hachés par des cuts presque invisibles mais qui participe à l’hypnose de la scène et accompagne l’évasion du personnage. Notons aussi la danse africaine sur un « Anima Christi » extra-diégétique : un moment d’une grâce intense… tout y est : le mélange des cultures, la respiration d’une mère éprouvée, sa solitude aussi et la nostalgie – au sens original du mal du pays. Tout au long du film c’est bien la mise en scène qui prend le pouvoir, pour devenir le pilier d’un film français à l’ancienne, proche même d’un Bresson, où la forme est reine, à condition qu’elle soit simple et discrète. Aussi la réalisatrice s’autorise des scènes entières au dialogues lents et parvient, sans musique, à rythmer son film par les seuls bruitages et mouvement des personnages…
Malheureusement, et peut-être parce qu’elle n’a pas assez confiance en sa mise en scène, elle tombe aussi dans le piège d’un film bavard, qui se raconte lui-même et impose aux personnages de disserter sur des sujets de fond alors que l’objet d’un film tel que celui-ci est bien de montrer une réalité qui s’imposera après au spectateur comme sujet de réflexion. L’écueil était le même dans L’Apôtre, mais il faut reconnaître que le point de vue que propose Cheyenne Carron est si rare dans le cinéma actuel que l’angoisse doit être profonde de voir son film mal compris et tourné contre son propre message.
Patries aborde avec beaucoup de bienveillance les maux de la banlieue. Il ose proposer que les aides sociales sont un manque de respect pour la dignité des ces immigrés en quête d’une réelle identité propre, et comprend la déchirure qui peut être la leur. Il explique sans excuser les violences anti-blancs, et donne à voir, pour la première fois au cinéma, l’histoire si fréquente d’un blanc rejeté par des immigrés… Malgré la tragédie sociale et humaine qu’elle évoque, la réalisatrice, convertie au catholicisme, ose proposer un final emprunt d’espérance qui vient comme l’exaucement d’une prière tant de fois répétée en musique tout au long du métrage : « fortifie-moi (…) sauve-moi … ».
Toujours plus loin, toujours plus haut ! Cheyenne Carron continue sa carrière malgré les embûches d’un système qui lui refuse toute aide et le résultat est encourageant. Son précédent film, L’Apôtre fut censuré en salle, mais son succès sur internet aura permis à la réalisatrice d’autoproduire Patries. Le projet est donc poursuivi sans grand moyen, mais Cheyenne Carron a su s’entourer d’une équipe volontaire pour le réaliser.
Pour aborder un sujet aussi dangereux que le racisme anti-blanc et l’identité, le parti pris d’une réalisation calme et d’une narration très étalée, sans claquement de portes ni rebondissements incessants, apaise le spectateur et le rend plus réceptif au message de la réalisatrice. La mise en scène, et c’est nouveau chez Cheyenne Carron, est ici soignée et très formelle, comme dans ces scènes de skateboard ou de footing accompagnées de long travellings parfois hachés par des cuts presque invisibles mais qui participe à l’hypnose de la scène et accompagne l’évasion du personnage. Notons aussi la danse africaine sur un « Anima Christi » extra-diégétique : un moment d’une grâce intense… tout y est : le mélange des cultures, la respiration d’une mère éprouvée, sa solitude aussi et la nostalgie – au sens original du mal du pays. Tout au long du film c’est bien la mise en scène qui prend le pouvoir, pour devenir le pilier d’un film français à l’ancienne, proche même d’un Bresson, où la forme est reine, à condition qu’elle soit simple et discrète. Aussi la réalisatrice s’autorise des scènes entières au dialogues lents et parvient, sans musique, à rythmer son film par les seuls bruitages et mouvement des personnages…
Malheureusement, et peut-être parce qu’elle n’a pas assez confiance en sa mise en scène, elle tombe aussi dans le piège d’un film bavard, qui se raconte lui-même et impose aux personnages de disserter sur des sujets de fond alors que l’objet d’un film tel que celui-ci est bien de montrer une réalité qui s’imposera après au spectateur comme sujet de réflexion. L’écueil était le même dans L’Apôtre, mais il faut reconnaître que le point de vue que propose Cheyenne Carron est si rare dans le cinéma actuel que l’angoisse doit être profonde de voir son film mal compris et tourné contre son propre message.
Patries aborde avec beaucoup de bienveillance les maux de la banlieue. Il ose proposer que les aides sociales sont un manque de respect pour la dignité des ces immigrés en quête d’une réelle identité propre, et comprend la déchirure qui peut être la leur. Il explique sans excuser les violences anti-blancs, et donne à voir, pour la première fois au cinéma, l’histoire si fréquente d’un blanc rejeté par des immigrés… Malgré la tragédie sociale et humaine qu’elle évoque, la réalisatrice, convertie au catholicisme, ose proposer un final emprunt d’espérance qui vient comme l’exaucement d’une prière tant de fois répétée en musique tout au long du métrage : « fortifie-moi (…) sauve-moi … ».