Peter et Elliott le dragon

Film : Peter et Elliott le dragon (2016)

Réalisateur : David Lowery

Acteurs : Bryce Dallas Howard (Grace Meacham), Robert Redford (M. Meacham), Oakes Fegley (Peter), Oona Laurence (Natalie)

Durée : 01:43:00


Il est devenu fréquent que les Studios Disney “revisitent” leurs grands classiques, ceux qui ont bercé notre enfance. Tel a été le cas de Maléfique de Robert Stromberg (2014), de Cendrillon de Kenneth Branagh (2015) ou encore du tout récent Livre de la Jungle de Jon Favreau (avril 2016). Cette volonté de les « mettre au goût du jour » est principalement animée par une raison commerciale. La plupart du temps, ces remakes nuisent aux charmes des classiques et contribuent à nous les faire oublier. Les réalisateurs sont donc confrontés à un principal défi, celui de faire perdurer l’esprit et le charme des Disney, bien que certains semblent vouloir s’en détacher complètement, à l’instar d’Alice au pays des merveilles de Tim Burton (2010). La difficulté est d’autant plus grande que les dessins-animés Disney font directement partie de l’esprit d’un conte, de l’imaginaire, du rêve, et le fait de les tourner à nouveau avec des acteurs risque de supprimer cet univers magique. Cependant, les enfants d’aujourd’hui, qui n’échappent pas au vices des nouvelles technologies, seront peut-être davantage touchés et s’identifieront plus aux personnages de Disney si ceux-ci leur ressemblent et sont interprétés par de jeunes acteurs.

C’est au tour de David Lowery, réalisateur des Amants de Texas (2013), de proposer une nouvelle version d’un autre classique de chez Disney (1977), dans lequel se mêlaient prises de vue réelles et animation : Peter et Elliott le dragon. Souhaitant avant tout faire renaître ce classique, sans « piétiner les souvenirs des spectateurs », David Lowery met « en scène une œuvre qui fonctionne en parallèle de l’originale », selon les termes de l’actrice Bryce Dallas Howard - Le village (2004), Jurassic World (2015) -, personnage de Grace Meacham. Ce film nous plonge en effet dans le monde de l’enfance à travers l’histoire d’un petit garçon Peter - interprété de manière très spontanée par le petit Oakes Feglet - n’ayant pour seul ami et pour seule famille qu’un dragon. Le réalisateur présente cet enfant confronté au monde qui l’entoure, à ses origines : « Dans ce film, c’est la question fondamentale de notre place dans le monde qui est soulevée ». Cela n’est pas sans rappeler, d’une manière bien moins extrême bien sûr, Victor de l’Aveyron, enfant sauvage découvert dans la forêt au XIXe siècle. Le petit Peter va renouer avec l’amour transmis par la famille, incarnée avec conviction et justesse par Bryce Dallas Howard, Wes Bentley [Hunger Games (2013), There be dragons (2013), Interstellar (2014)] et Robert Redford. Peter fera également la connaissance de Natalie, fillette de son âge, interprétée avec talent et authenticité par la jeune Oona Laurence, actrice de quatorze ans ayant remporté un Tony Award en 2013 pour Matilda, the musical et joué aux côtés de Jake Gyllenhaal [Prisoners, Enemy (2013), Night Call (2014), Demolition (2015)] et Rachel McAdams dans La rage au ventre (2015).

Peter et Elliott le dragon entraine le spectateur dans un univers presque intemporel, selon le désir du réalisateur. En effet, l’histoire racontée se situe dans une ville fictive où le mobilier, les costumes ou encore les voitures ne semblent appartenir à aucune époque particulière et dans laquelle chacun pourrait entrer sans se poser de question. David Lowery souhaitait rendre son film réaliste, un « réalisme magique », capable de divertir petits et grands : « Les films que j’ai le plus aimés et que j’ai plaisir à revoir sont aussi les plus intemporels. Ce sont des œuvres qui résistent à l’épreuve du temps ». Les décors et les paysages que l’on découvre - forêts de Rotorua et de Kinleith -, notamment à travers différents plans généraux filmés avec maîtrise, sont magnifiques. De plus, les effets spéciaux et les modélisations en 3D de la société WETA Digital, connue pour la réalisation de la saga du Seigneur des Anneaux, rendent le dragon aux quinze millions de poils très crédible, bien que ce dernier agisse plus comme un chien que comme un dragon, peut-être pour renforcer son côté amical avec Peter. La difficulté était d’imaginer un dragon qui puisse être adorable à certains moments mais également effrayant à d’autres. Son côté attachant est tout à fait perceptible et visible à l’écran, ce qui n’est pas forcément le cas de son allure terrifiante. Les décors ont, eux aussi, fait appel à l’habileté des maquettistes : après avoir effectué des relevés typographiques sur les lieux de tournage et après les avoir montés en 3D, ces derniers ont dû construire l’antre du dragon à l’échelle, en studio, puis la déplacer et l’assembler dans l’espace qui lui était destiné.

Enfin, Peter et Elliott le dragon évoque le problème de la déforestation, opposant les bucherons détruisant l'environnement à ceux qui le protègent. Il met également en scène la nature enfantine encore présente chez certains adultes qui parviennent à entrer dans le monde de la magie et du mystère sans douter, thème récurrent des contes et merveilles : « Notre devoir est d’ouvrir les yeux bien grands », recommande M. Meacham, le grand-père dans le film, campé par Robert Redford. Ce monde de l’enfance, qu’incarne - ou incarnait - les studios Disney, n'est pas accessible à tous et nécessite de laisser de côté les “problèmes d’adultes” et d’essayer d’admirer ce qui nous entoure. Le réalisateur nous invite à nous éveiller « au monde et aux autres, entre étonnement et compréhension, émerveillement et terreur, apprentissage et invention, découvrant la réalité et explorant l’imaginaire » (Jean-Claude Ameisen, médecin, immunologiste et chercheur français en biologie).

Peter et Elliott le dragon est donc un film agréable et divertissant à regarder en famille. Le scénario n’est pas compliqué et chacun se laisse entraîner facilement dans le récit. L’aventure du petit garçon et du grand dragon vert ravira les plus jeunes et rappellera de bons souvenirs aux autres, même si le film de 1977 possède un charme qui lui est propre.