Il y a un moment où ce n’est plus possible. On peut très bien faire un film à grand spectacle qui reposerait uniquement sur des images impressionnantes, des musiques épiques, rock ou électros qui exalteraient tous les publics. On peut très bien miser sur des répliques aussi cultes que débiles : les one-liners qui ont marqué le tout-Hollywood des années 80. On peut aussi, et le réalisateur ne s’en est pas privé, tourner son film comme une vidéo Youtube, engager Instagram comme chef opérateur et demander à Spotify d’assembler une BO punchy mais passe-partout. Mais dès lors qu’on prétend philosopher, politiser — bref, avancer un ongle d’orteil dans le monde des adultes — il est conseillé d’arriver préparé. Le spectacle vaut le coup, et mérite à lui seul le déplacement pour voir Point Break. Mais le film semble vouloir se justifier, comme incapable d’assumer sa nature de pur divertissement.
La vie et la mort, donner et recevoir, choisir son propre chemin. Hollywood a toujours été marqué par une lecture simpliste des spiritualités et philosophies modernes : la notion de « greater good » mais libérée de toute morale. On y mélange les spiritualités orientales, la french theory, l’existentialisme dans son plus simple appareil : individualisme et libéralisme en demi-teinte. On fait ce qu’on veut, mais on critique le capitalisme (mieux connu sous le nom de LIBÉRALISME économique, étrange). Chacun choisi sa voie, sa vérité : le plus grand péché de cette a-religion est donc d’interférer dans la vie des autres. Étrange code pour ce groupe de Robin des bois qui pille l’occident pour donner au tiers-monde sous le sponsoring d’un cheikh bouffi d’or noir, cette bande d'enfants, de pasteurs postmodernes, qui méprisent ce qu’ils ne comprennent pas.
Le mot d’ordre est de rendre à la nature, mais il me semble que l’enjeu principal est surtout de « prendre son pied ». Parachute, base-jump, surf, snowboard — GoPro aurait-il produit son premier film ? —… les personnages prétendent prendre conscience des dons de la nature et souhaitent lui rendre (return). Mais un parallèle aussi intéressant qu’affligeant se trace entre la relation qu’ils entretiennent avec la nature, et leur vie « affective ». On aime la nature en ramassant des canettes qui traînent et en se jetant de 600 mètres d’altitude (un geste pour faire plaisir, et un gros plaisir pour faire geste). On est en plein dans l’hypersexualité. Le geste prévaut sur la volonté et l’intention ; l’exploit, sur l’attention. String et torse nu en soirée, exploit sportif en journée ; jour et nuit la caméra doit être là, pour figer le « m’as-tu-vu » ! Aucun exploit ne prend plus d’une journée. Pas de grande randonnée, de transatlantique… aucun de ces exploits qui par leur durée donnent à l’homme de quoi méditer, loin du bruit et surtout : de quoi se donner dans le silence et la gratuité.
Tout est superficiel et surfait : du jeu des acteurs aux postures — philosophiques et corporelles — des personnages, en passant par les intentions du réalisateur. L’éloge de la bêtise et l’entreprise absurde de justifier la mort d’un sportif peinent à masquer l’inconsistance des personnages. On ne sait rien d’aucun d’eux, si ce n’est le cliché pithiatique élémentaire. L’ami d’untel est mort, machin est orphelin, bidule veut sauver le monde… Sauvez-vous vous même, économisez votre argent, votre temps et vos cheveux : fuyez cette aberration !
Il y a un moment où ce n’est plus possible. On peut très bien faire un film à grand spectacle qui reposerait uniquement sur des images impressionnantes, des musiques épiques, rock ou électros qui exalteraient tous les publics. On peut très bien miser sur des répliques aussi cultes que débiles : les one-liners qui ont marqué le tout-Hollywood des années 80. On peut aussi, et le réalisateur ne s’en est pas privé, tourner son film comme une vidéo Youtube, engager Instagram comme chef opérateur et demander à Spotify d’assembler une BO punchy mais passe-partout. Mais dès lors qu’on prétend philosopher, politiser — bref, avancer un ongle d’orteil dans le monde des adultes — il est conseillé d’arriver préparé. Le spectacle vaut le coup, et mérite à lui seul le déplacement pour voir Point Break. Mais le film semble vouloir se justifier, comme incapable d’assumer sa nature de pur divertissement.
La vie et la mort, donner et recevoir, choisir son propre chemin. Hollywood a toujours été marqué par une lecture simpliste des spiritualités et philosophies modernes : la notion de « greater good » mais libérée de toute morale. On y mélange les spiritualités orientales, la french theory, l’existentialisme dans son plus simple appareil : individualisme et libéralisme en demi-teinte. On fait ce qu’on veut, mais on critique le capitalisme (mieux connu sous le nom de LIBÉRALISME économique, étrange). Chacun choisi sa voie, sa vérité : le plus grand péché de cette a-religion est donc d’interférer dans la vie des autres. Étrange code pour ce groupe de Robin des bois qui pille l’occident pour donner au tiers-monde sous le sponsoring d’un cheikh bouffi d’or noir, cette bande d'enfants, de pasteurs postmodernes, qui méprisent ce qu’ils ne comprennent pas.
Le mot d’ordre est de rendre à la nature, mais il me semble que l’enjeu principal est surtout de « prendre son pied ». Parachute, base-jump, surf, snowboard — GoPro aurait-il produit son premier film ? —… les personnages prétendent prendre conscience des dons de la nature et souhaitent lui rendre (return). Mais un parallèle aussi intéressant qu’affligeant se trace entre la relation qu’ils entretiennent avec la nature, et leur vie « affective ». On aime la nature en ramassant des canettes qui traînent et en se jetant de 600 mètres d’altitude (un geste pour faire plaisir, et un gros plaisir pour faire geste). On est en plein dans l’hypersexualité. Le geste prévaut sur la volonté et l’intention ; l’exploit, sur l’attention. String et torse nu en soirée, exploit sportif en journée ; jour et nuit la caméra doit être là, pour figer le « m’as-tu-vu » ! Aucun exploit ne prend plus d’une journée. Pas de grande randonnée, de transatlantique… aucun de ces exploits qui par leur durée donnent à l’homme de quoi méditer, loin du bruit et surtout : de quoi se donner dans le silence et la gratuité.
Tout est superficiel et surfait : du jeu des acteurs aux postures — philosophiques et corporelles — des personnages, en passant par les intentions du réalisateur. L’éloge de la bêtise et l’entreprise absurde de justifier la mort d’un sportif peinent à masquer l’inconsistance des personnages. On ne sait rien d’aucun d’eux, si ce n’est le cliché pithiatique élémentaire. L’ami d’untel est mort, machin est orphelin, bidule veut sauver le monde… Sauvez-vous vous même, économisez votre argent, votre temps et vos cheveux : fuyez cette aberration !