The Punisher

Film : The Punisher (2003)

Réalisateur : Jonathan Hensleigh

Acteurs : John Travolta (Howard Saint), Thomas Jane (Frank Castle), Rebecca Romijn (Joan), Laura Elena Harring (Livia Saint), Will Patton (Quentin Glass), Samantha Mathis (Maria Castle), Mark Collie (Harry...

Durée : 02:04:00


« The Punisher » se situe dans la droite ligne des films d’action basés sur une histoire de vengeance et s’adresse à un jeune public.
Comme souvent avec les films adaptés d’une bande dessinée, l’histoire est plate et n’apporte rien de neuf au cinéma, cependant que le scénario se révèle sans grave faiblesse. Le film alterne des longueurs et des scènes hautement rythmées, tant musicalement que visuellement, tantôt sombres et tantôt claires.
Les acteurs servent l’intrigue par le biais d’un jeu remarquablement convainquant, surtout Thomas Jane, dans le rôle titre et face à lui, John Travolta, alias Howard Saint, toujours aussi épatant dans
une nouvelle interprétation du « méchant » auquel il se superpose parfaitement.

La musique du film ne montre aucune originalité de la part de son auteur, mais se trouve bien orchestrée et colle parfaitement à l’esprit de ce métrage qui s’axe davantage sur l’ambiance et l’intensité de l’intrigue que sur sa profondeur.
Le sombre ton du film trouve racine dans les pensées d’un héros torturé de l’intérieur par le continuel ressassement de ses pensées les plus négatives. Cependant, quelques scènes comiques viennent adoucir cette ambiance sans faire tomber les personnages et le film dans le ridicule. Aussi, sont-elles courtes et ponctuent-elles l’histoire sans en freiner le rythme.
La réalisation générale, bien que d’une banalité aisément repérable par le spectateur habitué, reste toutefois très correcte et, si elle n’apporte pas de charme au jeu des acteurs qui se débrouillent
très bien tout seuls, elle sert correctement le film qui se veut plus un divertissement grand public qu’un chef-d’œuvre hautement philosophique.Précise, juste et adaptée, elle sauve le film de la banalité de son scripte.

Bien que le héros ait tout perdu, l’assassinat des membres de sa famille ne justifie nullement qu’il reproduise ces mêmes actes contre ses ennemis.
Aussi, le film s’apparente-t-il à cette nouvelle mode dramatique qui consiste à écarter la justice divine des affaires des hommes. « Cette fois, Dieu n’est pas de la partie » déclare le héros qui s’apprête à faire un premier pas vers l’assouvissement de sa vengeance. Mais pour ne pas avoir l’air de trop tomber dans cet autre mouvement dramatique de la vengeance, l’histoire fait parler son héros selon d’autres termes, suggérant que la vengeance ne vaut pas la hauteur de son personnage. Pourtant, c’est bien des sentiments de vengeance qui poussent le
héros à combattre son ennemi en lui faisant subir la même souffrance qu’il fut contraint de supporter auparavant.

 
Il s’agit d’un principe d’équilibre où toute différence de niveau dans la balance doit être compensée par un réconfort adéquat. L’intrigue veut qu’un héros soit consolé (et du même coup le public), mais non sans le gain du mérite, seul justificatif de la valeur de son sujet et finalement de sa dénomination de « héros ».
C’est ainsi que le personnage principal de « The Punisher » se doit de manifester sa haine pour assouvir sa vengeance et non prétendre à un quelconque prétexte de punition qui, dans le cas de son application, reviendrait naturellement à une juridiction compétente.
The Punisher n’est donc pas une histoire de punition comme son titre et son contenu veulent le faire croire à son public, mais bien
un film de vengeance et, ce qui est plus grave, une vengeance camouflée par la légitimité de la punition.

Il s’agit donc d’un film qui caresse tous les bas instincts du spectateur, sans parler du flot de violence insupportable que Jonathan Hensleigh déverse sur l’écran, sans doute pour faire oublier son manque de talent.

Jean-Noël COUSIN