Quai d'Orsay

Film : Quai d'Orsay (2012)

Réalisateur : Bertrand Tavernier

Acteurs : Thierry Lhermitte (Alexandre Taillard de Worms), Raphaël Personnaz (Arthur Vlaminck), Niels Arestrup (Claude Maupas), Bruno Raffaelli (Stéphane Cahut)

Durée : 01:53:00


Le drame ou thriller politique étant davantage prisé aux Etats-Unis, ce film s’inscrit dans la traditionnelle satyre française. Pour sa première comédie, Bertrand Tavernier a choisi d’adapter la BD Quai d’Orsay créée par Christophe Blain et Abel Lanzac.

La participation au scénario de Christophe Blain semble être la garantie du respect de l’esprit de son oeuvre. Quoiqu’il en soit, le film de Tavernier montre, non sans lourdeurs dans le montage et les gags, l’absurdité du monde politique, ballotté entre hystérie et vanité. Thierry Lhermitte campe un ministre des affaires étrangères agité mais sincère incarnant un pragmatisme caractériel. Son jeu pourra surprendre lors de la première scène mais l’on finit par s’habituer au style caricatural. Les portraits, grossiers, exagérés et parfois drôles, permettent au cinéaste de dresser une critique plutôt bien sentie des politiciens et de l’administration.

Ponctué de citations d’Héraclite, le récit met en lumière l’existentialisme de nos gouvernements qui se succèdent et agissent avant d’être. L’urgence est ici le principe de l’action, et l’action le principe de la politique. Comme l’indique le patron du quai d’Orsay, sur un bateau qui coule on ne cherche plus qui est à gauche ou à droite, on agit. Mais Bertrand Tavernier, certes concentré à tourner en ridicule, aurait pu engager davantage sa philosophie personnelle, à moins qu’il ne prône l’anarchie. La référence à Héraclite, qui ne se baignait jamais deux fois dans le même fleuve, est en tout cas un excellent moyen d’expliquer le perpétuel changement de la gouvernance moderne qui, au lieu de se définir par l’action, finit par se nier.