Quantum of Solace

Film : Quantum of Solace (2008)

Réalisateur : Marc Foster

Acteurs : Daniel Craig (James Bond), Olga Kurylenko (Camille), Mathieu Amalric (Dominic Greene), Judi Dench (M),…(Durée 1h47)

Durée : 01:47:00


22ème volet de la saga 007, Quantum of Solace est
la suite de Casino Royale, le précédent Bond qui a initié un tournant dans l’histoire de l’agent britannique. Apparaissait en effet un nouveau James Bond, blond, violent, torturé et sans gadget, incarné par Daniel Craig. Casino Royale se terminait de façon tragique, par la mort de Vesper Lynd, la femme qui avait conquis le cœur de l’agent. Quantum of Solace commence très précisément là où s’achevait son prédécesseur : 007 mettait la main sur le supposé responsable de la mort de Vesper, un mystérieux Mr. White, et tente de s’échapper afin de le faire interroger…

Ce nouvel opus a certes un nom mystérieux : « "Quantum" signifie quantité et "Solace" consolation, réconfort. Le titre exprime donc l'idée qu'il faut partager ses souffrances pour trouver une issue heureuse et se réconcilier avec les gens. », comme l’explique le producteur Michael G. Wilson. Mais là n’est pas son seul attrait. Il ancre en effet la saga dans la nouvelle direction prise depuis Casino Royale, qui, si elle ne plaît sans doute
pas à tout le monde, dépoussière le genre.

Bien que les scénaristes aient mis en avant leur volonté d’élaborer une intrigue à part entière, Quantum of Solace ne s’apprécie réellement qu’après avoir vu le précédent opus. Comme le dit Daniel Craig, « A la fin du dernier film, son cœur [à Bond] a été brisé et il n'a pas une once de consolation... Sa vie s'est refermée et il doit découvrir la vérité. Ce qui est bien, c'est que cela s'applique à quelque chose de très important dans l'intrigue." Le lien avec Casino Royale reste donc fondamental. Cela n’empêche cependant pas une compréhension relativement facile du scénario (riche en traîtrises et retournements de situation).

Quantum of Solace se détache de Casino Royale sur un point essentiel : sa dureté et sa brutalité. Abandonnant le romantisme voire l’érotisme de son aîné, le film se fait résolument spectaculaire. Le charme troublant d’Eva Green (Vesper Lynd dans Casino Royale) laisse la place à la soif de vengeance d’Olga Kurylenko,
tandis que Bond, meurtri et tendu, se fait plus froid, plus acéré, achevant progressivement une évolution à des années-lumière du 007 de Sean Connery ou Roger Moore. Sérieux et écorché vif, James Bond devient une nouvelle référence du cinéma d’action actuel…

Beau morceau de bravoure, Quantum of Solace repousse les limites du film d’action lors de séquences explosives (notamment en fin de film). Les scènes d’action s’enchaînent, dans une esthétique hachée inspirée de Jason Bourne qui, si elle produit son petit effet (notamment lors des poursuites en Italie), reste moins efficace, car déjà-vue et surtout moins maîtrisée. La faute à un montage parfois trop saccadée et à une image tremblotante.

La violence sans concession de Quantum of Solace en fait un canon du cinéma d’action contemporain, au même titre que la saga Bourne  dont le film emprunte et l’esthétique et la profondeur psychologique. Mais il manque à ce dernier volet des aventures de 007 le zeste d’émotion qui faisant le
charme des productions précédentes.

Au-delà de la violence intrinsèque du film, qui peut désarçonner le spectateur, c’est la vengeance pure et dure animant Bond qui choque… Quelque soit la douleur de l’individu, rien ne justifie l’usage de la violence pour soi-même, et le fait que Bond se dissimule derrière l’accomplissement de son devoir d’agent secret rend cet esprit de vengeance d’autant plus dérangeant. On peut toutefois se plonger dans les motivations de cette rage jamesbondienne…

Pour le réalisateur Marc Forster, le thème central de Quantum of Solace est la confiance : « La confiance est une chose qui nous préoccupe tous parce que nous avons tous été trahis à un moment ou un autre de notre vie… ». C’est la trahison de Vesper, et son sacrifice qui rendent 007 aussi incontrôlable qu’une bête en furie. C’est cette fin dramatique qui constitue le pivot de Quantum of Solace et transforme l’agent secret le plus séduisant et
flegmatique du monde en une machine à tuer implacable et sans une once de moralité. C’est sur ce point que le film est discutable, car si la confiance de Bond a certes été réduite en miettes, l’extrême dureté de sa réaction tient davantage de la pathologie que de la justice…Si bien qu’on finit par croire que ce n’est que par accident que Bond évente la machination orchestrée par l’organisation responsable de la mort de Vesper, son but ultime étant la satisfaction de sa rage intérieure. Dans ce tourbillon de fureur, les dernières séquences sont particulièrement intéressantes : s’il se conduit avec sadisme dans le cas de Dominic Greene, Bond parvient à agir avec retenue concernant le personnage qui a conduit Vesper à la trahison…Comme si  la « conscience » professionnelle avait repris le dessus.

*Citations tirées des notes de production

Jean LOSFELD